C'est pas la douce, ça on l'sait bien, nan, elle, c'est la caïd, fin', pas quand elle était jeune parce que là, elle était innocente à fond. Nan, elle faisait ses devoirs correctement, elle aidait ses parents aux tâches ménagères et voilà, c'bon, c't'ait l'enfant idéal, un peu, pour nombre de parents, parce que les Fais pas ci, Fais pas ça, ça arrivait pas à elle, elle était sage comme une image comme on dit. On sait pas ce qui a pu se passer pour qu'elle arrive à être commère, adolescente. Ouais, pas dans le sens de trop curieuse mais bien bavarde à rabaisser les gens et à leur cracher dessus. Mais ça, elle le faisait qu'en cas de nécessité, quand les gens, elles les trouvaient débiles à un point. Parce que faut dire, y'a pas d'étincelles dans sa tête, ouais, c'est le blizzard, la brume et tous les trucs qui font flipper la nuit ou le jour, quand on va quelque part, parce qu'on sait pas où on va. Elle aurait voulu avoir une lumière dans sa vie, des illuminations, ouais, la Ville lumière, tout ça, la France, elle en rêvait comme elle rêvait d'aller au Danemark, en Allemagne, en Norvège, elle voyageait dans sa tête mais pas en vrai, et ça, c'était dommage mais bon, quand on a pas trop de sous, hein. Fin', on veut dire, y'a des gens qui les aidaient un peu parce qu'ils faisaient pitié, les pauvres, elle pouvait même aller piller un bout d'pain, ouais, heureusement que la guillotine, bah, c'était fini, je crois pas que ça existait dans notre pays par contre. Elle avait des vêtements, oui, un endroit où dormir mais elle se crevait le cul pour apporter de l'argent à ses parents. Nan, elle, elle était pas catin mineure, et elle a jamais été prostituée, nan, elle, elle allait chez les gens, elle livrait le journal, leur lavait les voitures, voitures de riches, riche petite fille qu'elle rêvait d'être. C'pour ça qu'elle écrivait des histoires, elle montrait ça à ses parents et ils étaient fiers d'elle, ouais, elle se faisait de la publicité à l'école pour ses textes et poèmes et même qu'elle avait reçu un prix, un joli prix qu'elle avait mis dans sa chambre à côté de ses bonnes notes et puis, fallait l'avouer, elle adorait ça, mettre des mots sur les maux. Elle voulait être écrivain au début, se dire que les best-sellers, elle pourrait en vendre mais elle a jamais eu de pot, elle. Nan, la malchance la guettait comme des chacals. C'est comme la peinture, elle avait des cours de ça à l'école, et elle aimait ça aussi. Les arts, ça a toujours été son truc à la p'tite, elle adorait ça. Elle voulait prendre des cours alors elle en a pris mais elle en parlait pas à ses parents et son professeur, bah, forcément, il lui avait dit de demander à ses parents de le payer et du coup, Edwige, elle a dû se crever le cul encore plus et elle a en pleuré, hein, tout ce qu'elle avait dû faire pour payer quelques putains de cours dans le mois. Ses parents, bah, on sait pas s'ils l'aimaient, la p'tite, nan, ça, on le saura jamais, c'est un mystère tout entier. On sait même pas s'ils remarquaient ce qu'elle faisait la p'tite pour eux. Ouais, elle mendiait, elle mendiait putain et elle faisait tout pour rapporter de la tune comme voler. Elle manipulait les gens pour permettre à ses parents et elle de vivre.
Maintenant, elle a vingt-sept ans, alors elle a oublié ses souvenirs, elle les brûle, brûle, et eux, ils partent en flamme dans le ciel, elle essaye d'oublier ses parents ingrats, ses parents absents. Elle repense aux caractères qu'ils avaient tous les trois, elle repense que la manipulation lui venait de sa mère et l'excentricité aussi, puis son père, c'était le sarcasme. Le sarcasme quand on dit que ses cuisses sont pas ouvertes quand on désire son homme alors que c'est tout le contraire. Mais Edwige, elle a ouverte ses cuisses qu'une fois, elle manipule les hommes et les relâche au moment où ils sont dans le lit ou alors elle leur crache littéralement à la figure en leur disant d'aller voir les catins. La p'tite, alors, elle repense à ses cours de peinture et elle se dit qu'elle en suit depuis longtemps alors pourquoi pas devenir peintre. Mais c'est trop précaire alors elle voulait être criminelle, juste pour pouvoir se venger de ce manque d'argent qui les bouffaient. Parce que ouais, faut pas oublier, elle en avait marre et voulait les tuer ses parents, juste par le fait qu'ils ne faisaient rien. Elle se tapait tout à la maison, et même si elle aimait ses parents, des fois, c'était la goutte d'eau qui débordait. Alors elle a décidé de rester dans le secteur criminel tout en exerçant sa passion d'antan.
C'est comme cela qu'elle est devenue faussaire. Elle produisait des copies de tableaux et ainsi, ce fut des faux. Et ça, quand vous avez un bon coup de pinceau, vous pouvez en vendre facilement. Enfin bon, faut toujours travailler dans l'ombre, et faut essayer de pas se faire prendre. Comme dans un peu tous les métiers du secteur criminel. Mais elle aime ça, la p'tite, ressentir de l'adrénaline, ouais, parce qu'on sait jamais ce qui peut se passer. Et aujourd'hui, elle commence à en vivre doucement de ces manipulations.