schizophrenia (louisa)

Dans tes souvenirs, raconte-nous la première fois où tu as été confronté au « Mal ». Quelles étaient alors tes options et quel a été ton choix ? ✚ Roger était fou, c'est ce que maman disait. mais il souriait donnant à Louisa un soda sur le comptoir du bar quand maman buvait un verre. Puis un jour elle a vu l'étendu de son esprit torturé, ses poings qui s'abattaient sur l'ivrogne qui ne voulait pas payer, là, devant le bar, sous les yeux à peine ahuris des clients bien trop satisfait de leur boisson. Elle n'a pas loupé une miette de la scène, son coeur battant et lorsque Roger est revenu, essuyant ses mains rougis sur le torchon blanc, il à sourit à la petite tourmentée. c'est la première fois. La première fois que Louisa avait fermé les yeux sur le mal. roger n'est pas si méchant.  Tes choix de vie t'ont-ils déjà apporté des ennuis ? ✚ tout n'a été qu'un enchevêtrement de mauvaises situations, de mauvaises rencontres. maman perdue, roger trop fou. et le marionnettiste. le sang sur les mains, les voix dans sa tête. son corps ne lui appartient plus depuis longtemps déjà, devenu instrument de sa propre folie autant que celle d'autrui. Abandonné aux histoires sales de ceux qui usent d'elle. de ceux qu'elle côtoie.  Quelle importance accordes-tu à l'humanité dans son ensemble ? Comment te comportes-tu socialement ?  ✚ l'humanité est une notion vide de sens. le monde se compose de monstre dont les vices sont plus ou moins flagrant. mais ils ont tous l'âme assombris, par la jalousie ou les crimes, aucun ne peut se targuer d'être bon. et l'enfant fou craint chaque personne qui passe dans les rues, chaque regard qui se pose sur elle, chaque souffle qui fend l'air. elle craint chaque parcelle de cette humanité falsifiée. Serais-tu plutôt la « tête » ou la « main » ? ✚ la main. celle qu'on articule avec facilité, celle qui agit au nom d'un autre. ces voix irréelles ou l'impétueux qui aura su être marionnettiste de sa folie. il n'y a rien de consciencieux dans les actes de louisa, seulement un déchaînement inconstant. Quelles sont tes pires craintes et tes plus grandes angoisses ? ✚ Louisa, c'est la tension constante, la crainte perpétuelle d'elle-même, son plus grand démon fait partie d'elle, incertain, survenant lorsqu'il le désir, prenant possession de sa réalité. elle craint de ne pas savoir se survivre à elle même. sombrer dans les abîmes de ses pensées envahis, perdre le contrôle de son corps. s'oublier. Dans ces adjectifs, le(s)quel(s) te définis(sent) le plus ?✚  Improvisation, impétuosité, rêverie, instabilité, adaptivité, sens pratique, intuitivité, négligence, gaspillage, passivité, habitude, introversion.

L'âme s'étiole. Il s'en délecte. il m'a montré la haine, à pointer du doigt les causes de mes tourments. Il a raison et eux aussi me le répètent sans cesse. ils sont partout, tangible ou invisible, imperceptible ou trop bruyant. au milieu de mes troubles, il y a eu toi. le marionnettiste.

Louisa est assise en tailleur sur le carrelage froid, elle gratte son avant bras de façon frénétique, le regard vitreux, l'esprit embrasé. le souffle se perd dans un combat éternellement perdu. les batailles ne font jamais d'elle une guerrière victorieuse. Les ongles se plantent dans la peau blafarde, font des balafres qui creusent davantage les cicatrices déjà présente et dans son dos la présence chaude la fait trembler. Arrête. Sa voix est dur, à glacer le sang, mais elle n'entend rien d'autre que le vacarme incessant dans son esprit. Un torrent de voix qui saccage ses douces pensées. Des hurlements cinglants qui lui donne le vertige. La grande main attrape le poignet qui scarifie le second, l'empoigne avec tant de force qu'il pourrait lui broyer les os d'une infime pression. Elle fuit son regard, l'oiseau aux ailes brisé, les piaillements dans sa tête lui donne l'impression d'un capharnaüm là, dans cette pièce. Elle part à la recherche de ceux qui crient, comme s'ils se trouvaient sous son regard. Mais l'autre main trop brûlante s'attarde à son menton, l'obligeant à faire face à une réalité qu'elle ne discerne plus. Louisa tu arrêtes. Il a crié lui aussi. Nouvelle fois qui fait écho. Mais la folie trouble ne lui permet pas de savoir si la voix grave était une nouvelle imagination ou un ancrage au réel. Il parle sans qu'elle n'en comprenne le sens, ses yeux fixés au sien, plissé comme pour discerner l'ombre derrière le voile opaque de son regard. Il marmonne des élucubrations, tire sur son bras et la serre dans les siens. La brumeuse étouffe dans les ténèbres totales. Elle pousse des cris, complainte aux Dieux, s'ils existent, de faire taire sa folie. De la laisser en paix. Elle hurle pour s'extraire des bras trop puissants qui l'enserrent, contre lesquels elle ne peut rien. Il semble alors s'écouler des heures avant que le vacarme ne s'éteigne, avant qu'elle ne retrouve un semblant d'esprit. Le souffle est saccadé, conséquence d'une course effrénée, d'une fuite perpétuelle. Lâche-moi. c'est inaudible, c'est trop doux face au mur qui lui fait face. Dernier rempart contre sa folie. Pourtant il l'entend, il lâche son emprise en caressant sa joue, protecteur d'une femme à jamais enfermée dans son propre esprit.

le marionnettiste a trouver les ficelles. sa perversité n'a d'égal que son intelligence. la troublante femme s'est avérée femme troublée. il a trouver les clefs de son esprit tout comme ceux de son coeur, soufflé le texte aux voix dans sa tête, à prétendu apaiser son âme et jouer de son corps de mille et une façons.

Son coeur reprend peu à peu un rythme normal. Les battements décélèrent lentement, imperceptiblement alors qu'elle se trouve à genoux dans une mare aux couleurs vermeille. Son regard se perd sur la scène catastrophique, du cadavre ravagé par la fureur, encore si chaud, juste là sous son regard. Puis jusqu'à ses mains rougeoyante, humide et collantes. Et la seule chose qui vient à l'esprit de Louisa, c'est de se demander à quoi elle ressemble, là, à même le sol, dans ce liquide écœurant, le sang sur le corps. Le marionnettiste à lâché les ficelles et il te fixe dans ce qui semble être une douceur inquiétante. Pourquoi tu m'as laissé faire ça ? Louisa implore, désespère. Noyé dans une incompréhension de laquelle il ne désire pas la faire sortir. Il reste à distance, loin de la scène de crime qu'elle a façonné. le silence les accable. Son corps à demi-mort se rapproche du marionnettiste, s'enquiert d'une réponse qu'il semble enfin prêt à donner. Sa main rugueuse laisse voler le suspens, remet une mèche volatile derrière l'oreille de sa folle de femme, comme si elle avait meilleur allure ainsi, le corps enduit de sang, mais bien coiffée. Parce qu'il le fallait, Louisa. Sa voix douce l'ensorcèle mais le coeur s'assombrit. Une nouvelle voix fait irruption dans son esprit, la première depuis longtemps qui va à l'encontre de son mari. il t'as eu petite louisa, il t'as eu. c'est un ricanement perfide qui résonne en écho dans sa tête. mais elle est incapable de réagir.

l'avant bras est devenu tableau de mes secrets meurtriers de mon esprit, dans cet espace étriqué. le marionnettiste m'a abandonné. et on me demande chaque jour comment je me sens. personne ne supporte ces lieux tristes, ou les cris des voisins se mêlent à ceux de mon esprit.

La robe blanche et sans forme lui sied mal, les pieds nus, frigorifiés par l'hiver qui paralyse ses orteils et ses cheveux emmêlés par le vent lui donne l'air d'une folle. Le suis-je vraiment ? la question ne porte pas de réponse alors qu'elle s'enfuit à toute allure, elle ne fait plus fit de ses pieds qui s’égratignent sur le sol dans sa course effrénée, elle ne sent plus le froid, elle n'entend même plus les voix. Elle court si vite pour fuir cette cage de hurlements que rien ne peut l'atteindre. c'est la première fois, sans doute, qu'elle se sent aussi libre. Il y a l'impression étrange de pouvoir faire ce qu'elle veut, d'être enfin responsable de ses actes, de son corps. et même, sur l'instant, de son esprit. Y a un apaisement qu'elle sait trop éphémère dans sa légèreté. L'envie de ne jamais arrêter cette course, rester en fuite perpétuelle pour que la sensation ne la quitte pas. t'es toute seule Louisa, t'es livrée à toi même maintenant. y des ricanements dans sa voix, elles font échos, résonnent trop fort, l'oblige à s'arrêter. la panique l'envahie lorsqu'elle s'effondre au sol, tentant de canaliser les sons. cette fois, elle se battra, pas vrai ? cette fois, elle s'en sortira.

Ton personnage est sublime, complexe, fragile... brisée. J'ai vraiment hâte de voir comment elle va évoluer.