(kalidasa) ▣ fleurs fragiles troublent les vigiles

Dans tes souvenirs, raconte-nous la première fois où tu as été confronté au « Mal ». Quelles étaient alors tes options et quel a été ton choix ? ✚ Le mal, je l'ai toujours connu. Comme si j'étais destiné à le fréquenter vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je n'étais donc qu'un chérubin lorsque le malfaiteur m'embarqua dans sa voiture après que mon père m'ait misé dans une partie de poker comme un vulgaire jeton. Je ne savais pas parler. Je ne savais pas marcher. Je ne pouvais rien faire. Je n'avais pas le choix. On dit que tout le monde a le choix pourtant. Mais je suis la preuve vivante que j'ai dû subir ma situation, incapable d'agir contre la volonté du criminel. Si mon père aurait réagit ou si j'aurais été un adolescent, les évènements se seraient probablement déroulés autrement. Tes choix de vie t'ont-ils déjà apporté des ennuis ? ✚ Pire que ça. Vivre dans la servitude, tel un objet d’exhibition, de collection on ne peut espérer pire existence ! Longtemps j'ai cru que ma vie ne représentait rien, à l'égal des autres personnes dans le même cas que moi. J'en ai vu beaucoup mourir sous l'arme des malfaiteurs. D'autres, dont je fais partis, furent également victimes de maltraitance. Et bien évidemment, être contraint de vendre son corps aux plus offrants est ce qu'il y a de plus humiliant... Si j'ai eus donc des problèmes avec la justice ? Jamais. Aujourd'hui, j'évite de me rendre au poste le plus prêt et de raconter ma terrible histoire afin d'arrêter les voyous, mais cela semble si... facile. Après tant d'année sans jamais mettre des bâtons dans les roues des criminels, je me demande ce qu'ils attendent encore pour réagir. Comment font-ils pour ne pas connaître l'existence d'une organisation aussi massive !? Quelle importance accordes-tu à l'humanité dans son ensemble ? Comment te comportes-tu socialement ?  ✚ Je suis toujours en alerte. Les humains ? Je ne sais plus vraiment comment les considérer. Plutôt en mal je dois dire. C'est que j'ai vu des tonnes de personnes provenant de toutes les classes possibles, venir se cajoler dans ma couche. Tous avaient la même idée en tête : profiter d'un instant où il ne serait que question d'avoir une relation charnelle avec un parfait inconnu qui doit savoir normalement les ficelles de son métier. Pas un seul s'est questionné sur mes conditions de vie. Savoir si je faisais ça sous la contrainte ou de mon plein gré. Tout le monde est égoïste, pensant avant tout à leur bien être. Aujourd'hui, je réfléchis à deux fois avant d'aller vers quelqu'un et de lui faire confiance. Serais-tu plutôt la « tête » ou la « main » ? ✚ La tête sans hésitation. Je ne suis pas violent, je n'aime pas régler les problèmes à mains nues, seulement avec la parole... En plus, je déteste les armes ! Sinon, lorsqu'il est question de combattre le crime, je préfère habituellement que la justice s'en occupe. Cependant, je n'ai pas vraiment confiance en elle actuellement et je me dis que si je veux me débarrasser définitivement de mon bourreau, il va falloir que j'appelle un tueur un gage... Ou un truc du genre... Quelles sont tes pires craintes et tes plus grandes angoisses ? ✚ Retomber sur l'homme qui a fait de moi une tapin dont la vie est insignifiante. Un pauvre garçon que l'on maltraite et que l'on abuse contre de beau billets verts. Une poupée que l'on possède et avec laquelle on peut jouer à sa guise. Ressentir de nouveaux des cigarettes venir s'écraser entre les côtes. Mourir dans la violence. Non. Je ne veux pas retourner dans cet enfer. Plus jamais. Dans ces adjectifs, lesquels te définissent le plus ? ✚ improvisation, impétuosité, rêverie, instabilité, adaptivité, sens pratique, intuitivité, négligence, gaspillage, passivité, habitude, introversion.

C'était comme si je réapprenais à marcher ou comme si j'étais sur un navire ne cessant de bouger par la rage des vagues. C'était tout simplement impossible. La tête basculée vers l'arrière, je regardais les étoiles dans le ciel sans vraiment savoir où j'allais réellement. Peut être que je suis au milieu de la route et qu'une voiture viendra me percuter comme il pourrait rouler sur un pauvre animal errant qui n'aurait rien demandé. Je continue ma trotte, ma pseudo-fuite, essayant de semer un ennemi qui n'est même pas présent. Mais je sais qu'un jour ou l'autre, il finira par découvrir mon absence, il me rattrapera et ce jour là, il me fera payer mes mauvaises manières, celle de ne pas l'avoir écouté, celle d'être là à quitter mes fantômes passés...

Mais dans ma course, il n'y a pas que lui dont j'essaye de semer ; il y a tout les autres qui traînent. J'ai appris, durant toutes ces années de servitude et de cauchemar vivant que n'importe qui pourrait s'en prendre à moi. N'importe où... N'importe quand. Et j'ai si peur parce qu'il fait nuit. Ici je suis autant vulnérable que dans cette foutue maison close. Je ne dirais pas que je suis brisé, mais presque. La drogue fait toujours autant effet, comme si j'ai toujours eus cette impression de planer, de tanguer et de chuter alors que ce n'est pas le cas. Le pire, c'est d'être conscient de ce qui m'arrive. Non, de ce qui m'est arrivé. Là au moins, peut-être aurais-je une once de lucidité pour crier et appeler à l'aide, mais qui ? Il ne fallait pas que j'oublie que n'importe qui pouvait être mes ennemis. Même la créature la plus douce... Après tout, n'est ce point comment mon ancien détenteur se comportait avec moi ? Oh que oui il avait l'air si sympathique. Et pourtant... Pourtant il avait changé ensuite, me maîtrisant d'une poigne de fer afin de me domestiquer. Mais aujourd'hui, c'était différent, j'étais libre.

Plus pour longtemps songeais-je. Au plus profond de moi, j'avais toujours l'impression d'être cette pauvre personne, encore abandonnée, encore emprisonnée. Oui, je pouvais fuir, mais difficilement. Et d'ailleurs, quelle direction pouvais-je bien prendre ? Revoir mes parents ? je ne les connaissais pas. On m'avait enlevé lorsque je n'étais rien, juste un bambin. Mes Études ? J'ai même pas eus le temps d'en faire. Je ne pouvais alors que compter sur ma pauvre carcasse. Essayer de voler, ou bien... Ou bien je ne sais pas. Faire quelque chose dans les rues, sans doute ma prochaine maison. Face à mes prédateurs d'autrefois. Il ne serait alors plus question de vie, mais de survie. Se battre contre le froid et la fatigue. La famine et la soif... Puis les autres...

Ma tête semble tourner de plus en plus, et je m'effondre sur le sol, me blessant méchamment alors que mon corps retomba sur une bouteille de bière qui me taillade la peau. Je pleure. Je n'ai plus la force de réagir ou de faire quoique ce soit d'autre. Je remarque que l'endroit où je me trouve est parfaite comme cachette ; un cul-de-sac sombre. Il me suffira alors sans doute de trouver de quoi m'aider dans les bennes, peut être une vieille couverture toute trouée, à l'odeur nauséabonde.. Mais je ne veux plus bouger, bien que je me refroidis sur ce par-terre de béton. Et ma tenue n'aidait vraiment pas ; une culotte et un manteau de laine légèrement trop grand et au tissus très fin n'était rien comparé à de vrais vêtements que je ne su aucunement trouver lors de ma fuite. Mais au moins, j'étais habillé pensais-je...

Recroquevillé comme un fœtus, gardant la demi de bouteille au creux de mes mains, tel un enfant tenant son doudou, je laisse mes yeux se fermer à demi-clos. Je suis totalement exténué. Aussi bien psychologiquement que physiquement. J'ai l'impression que ce sont mes derniers instants dans le monde des vivants, comme je l'espère tant. Néanmoins, des pas se dirigeant dans ma direction me pousse à me relever. Peut être que c'est lui et qu'il est venu me rechercher, à moins que cela ne soit que pour régler mon compte. J'ai si peur et je bondis vers l'arrière, pointant la bouteille de verre aux pointes acérées maladroitement dans la direction de l'ombre qui s'avance. Je vacille mais je tente de tenir bon ; je dois pas montrer que je suis faible cette fois-ci, je dois combattre l'adversaire et le vaincre, s'il le faut... Aussi je grogne à l'adresse de l'inconnu en face de moi. « - Ne me faites pas de mal... ! N'approchez pas... ! ».

Je ne m'attendais vraiment pas de voir Matt Smith un jour dans ce rôle, qui lui convient juste parfaitement. Puis que dire de ce pseudo.... et puis il est si brisé, mais on dénote une certaine innocence... dis je peut t'adopter ?   Enfin, bref en tout cas, tu es validé !