tenir tête aux hommes, casser leurs axiomes (Camille)

Dans tes souvenirs, raconte-nous la première fois où tu as été confronté au « Mal ». Quelles étaient alors tes options et quel a été ton choix ? ✚ Je devais avoir cinq ans et je n'arrivais pas à dormir. J'avais marché jusqu'au bureau de mon père et je vis cet homme à genoux qui était en larmes. Mon père avec ce coupe cigare entre les mains. Il prit le pouce de cet homme et le trancha. Ces cris me terrifièrent et j'en mouillais mon pauvre petit pyjama. Tout ce sang qui couvrit le tapis sous leurs pieds. J'en ai fait longtemps des cauchemars. Ce regard de mon père ou je pouvais entrapercevoir tout ce « Mal » qui le personnifiait. Tes choix de vie t'ont-ils déjà apporté des ennuis ? ✚ Oui, il y a cinq ans après une fête costumée idiote. J'avais voulu rentrer à pieds encore complétement habillé en femme. Je suis tombé sur ce groupe de petites frappes lourdement éméchés, bien décidées à casser de la « pédale». Je ne sais pas combien d'heures leurs tortures ont durées et comment mon corps a fait pour supporter tous ces supplices, mais sur ce lit d’hôpital, je me suis promis une chose : plus jamais ! Quelle importance accordes-tu à l'humanité dans son ensemble ? Comment te comportes-tu socialement ?  ✚ C'est assez simple, les Femmes ont mon admiration et les Hommes mon fiel. J'ai trop souvent regardé ma caste bafoué les femmes que cela soit par l'esprit ou la force physique. Je suis répugné de voir ceux qui abusent de leurs corps. Camille se comporte encore bien face à eux. Il rit avec eux et les écoute. Camille est la facette douce et qui n'aime jamais élever la voix. Cependant, Mme Claude est intransigeante, il ne faut pas beaucoup pour qu'elle tranche une gorge ou en empoissonne un autre. Comme une Circé des temps modernes, pour elle, tous les hommes sont des pourceaux. Serais-tu plutôt la « tête » ou la « main » ? ✚ Mme Claude peut-être la « main », car elle est impulsive. Pourquoi attendre ? Qu'il est bon parfois de se laisser porter pour cette impulsion de frapper, de trancher ou d’empoissonner. Cependant, Camille exècre la violence et déjà que pourrait-il faire avec ces petits bras chétifs ? Donc, il reste la « tête », celui qui donne les ordres. Il préfère donner le sale travail aux autres. Il n'aime pas cracher aux visages des gens et s'en faire des ennemis. Il préfère leurs sourire, offrir une bouteille de champagne et proposer un cigare colombien. La diplomatie est une belle chose et les gens ont tords de la renier. Après, les deux n'ont pas peur de se salir les mains et de tirer les cadavres jusqu'au four dans la cave de leurs petite maison close. Quelles sont tes pires craintes et tes plus grandes angoisses ? ✚ Que mon père découvre mon travestissement. Que mon petit jeu d'équilibriste ne finisse par me faire tomber. D'humilier mon nom, ma famille et ma femme. Je pense que Lisbeth en mourrait. Elle, qui m'a toujours soutenu. Elle qui m'a acheté mes premières robes. C'est beau ce qu'elle a fait pour moi par amour. Que je ne sois plus que ce monstre qu'on montre du doigt. Cet averti. Cette femme avec une bite. D'être un pervers avec une perruque. De n'être pas vu comme la femme que je suis. Une femme qui n'a rien fait pour cette ville, ni pour ces femmes considérées comme des rebuts de la société. De ne plus être là pour elles, pour les protéger et les aimer.   Dans ces adjectifs, le(s)quel(s) te définis(sent) le plus ?✚  Improvisation, impétuosité, rêverie, instabilité, adaptivité, sens pratique, intuitivité, négligence, gaspillage, passivité, habitude, introversion.

La soie glissa sur sa peau, comme une main lascive, alors qu'elle se posa sur cette chaise. Ses longs talons rouges éclairèrent le sol humide et crasseux. La fumée des cigares poudra son visage alors que le regard des hommes lécha la peau découverte de ces jambes sous cette robe fendue. L'air était étouffant dans ce tripot, tout dégoulinait de cette sueur masculine acre. Les  tapisseries chinoises délavées n'offraient qu'un paysage sinistre. Mme Claude posa sa pochette et déboutonna le premier bouton du col de sa robe chinoise aux couleurs flamboyantes. Pas besoin d'ajouter un bouton de plus, il avait des secrets qu'une dame devait garder (comme une pomme d’Adam par exemple). Elle passa une main dans ses cheveux courts, mais légèrement bouclés. Personne n'avait encore parlé. Ce silence presque religieux, jusqu'à qu'une voix s’élève et rompt le charme. « Je pense, Mademoiselle, que vous vous trompez d'endroit. » commença t-il avant de se tourner vers ses comparses et de dire dans sa langue maternelle. « **Encore, une sale putain de bourgeoise mal baisée qui vient nous casser les couilles. **» La masse masculine se gargarisa devant ces paroles. Mme Claude ne sourcilla pas. Il prit plutôt le temps d'ouvrir son sac et en sortit une cigarette qu'elle glissa entre ses lèvres d'un rouge captivant. Elle fit glisser son châle sur son épaule et la main de Romulus s'approcha pour allumer la fraise de sa maîtresse. Le garde du corps fit trois pas en arrière et disparut dans les ombres feutrées comme si sa présence n'était qu'un secret de plus. « **Bon, virez-moi cette connasse. Elle m'amuse plus. **»  Toutes les âmes masculines se levèrent, comme une masse virile informe, avec des visages prêts à frapper sans une aucune retenue. Mme Claude retira sa cigarette de ses lèvres et l'écrasa sur la table. « ** Je pensais qu'on venait jouer gros ici, messieurs ? Ou, vous voulez que la bourgeoise mal baisée aille dépenser son argent ailleurs ? **» prononça t-elle dans un Mandarin impeccable. « Rémus, si tu veux bien, deary ? » Un deuxième garde du corps s'approcha et déversa sur la table plusieurs liasses de billets.

La nuit vivait ses dernières heures. Les visages des hommes étaient contractés et la sueur dégoulinait de leurs fronts plissés. L'argent, transformé en jetons, ne s'accumulait que d'un côté de la table. Mme Claude tenait ses cartes d'une seule main alors que de l'autre elle s'amusait à empiler les jetons gagnés. « Vous avez beaucoup de chance, mademoiselle...» Elle put sentir toute son aigreur dans cette appellation. Elle ne s'empêcha pas de le rectifier aussitôt. « Madame, s'il-vous-plait. » Elle n'avouerait pas ce soir qu'elle avait appris à compter les cartes. Elle n'était pas dans ce tripot ce soir pour humilier ces hommes. Elle attendait quelque chose. Quelque chose de très particulier qui arriva enfin. Une porte à l'arrière s'ouvrit et un homme jeta au sol un plateau aux femmes dans la pièce : une dizaine de jeunes filles, des pauvres âmes parquées comme des vulgaires animaux. Elles se jetèrent sur la nourriture alors que la porte se referma. Mme Claude n'avait pas à perdre une minute de plus dans cet endroit sordide. Elle montra sa main et la foule grogna de colère. Mme Claude fit signe à ses hommes de main pour venir récupérer ses gains. « Chance ou pas. On va pas vous laisser partir avec cet argent.» Les hommes se dressèrent tels des statues de granit et leurs mains plongèrent à l'intérieur de leurs vestes. « Messieurs, s'il-vous-plaît ? Pourquoi vouloir que tout cela se termine mal ? Nous pouvons peut-être nous arranger ? » L'homme face à elle ne semblait pas comprendre. Comment aurait-il pu comprendre que l'argent n'avait aucune importance pour elle ? « C'est à dire ?» Mme Claude montra la porte du bout de ses ongles.  « Je vous échange l'argent contre les filles ? » L'homme explosa d'un rire bien gras et ajouta à nouveau dans sa langue maternelle. « ** Vous êtes stupides ? Elles ne valent pas l'argent sur cette table. Elle sont rien. Elles sont même plus vierges et l'une est même enceinte. Pourquoi vouloir vous encombrer de déchets ? **» Le pied de Mme Claude s'agita sous la table alors que son visage restait impassible. Elle ne pensait plus qu'à enfoncer son talon dans les parties plus qu'intimes - et surement minuscules - du monstre qui lui faisait face. Sa main glissa jusqu'à son porte-jarretelle et ses doigts tapotèrent  le rasoir accroché à sa cuisse. Elle se visualisa égorger ce porc, mais à la place elle offrit un grand sourire. « ** Marché conclu, alors ? **» Elle l'égorgera plus tard. Un autre soir. Un soir où elle pourra prendre tout son temps et enfoncer dans son sphincter chaque billets pour chaque femmes ainsi bafouées. Ce n'était pas une image. Mme Claude n'oublierait pas son visage. Il n'y aurait nul pardon. Aucun retour en arrière. Aucun remord.


** En mandarin.**

J'attendais avec impatience que cette fiche soit terminée, parce que j'ai eu le coup de foudre pour cette idée de personnage peu commune. Ton personnage en jette et j'ai hâte de le voir évoluer. Et que dire de ta fiche... c'était un réel plaisir à lire, j'ai vraiment envie d'en savoir plus sur toi, madame claude.