« Rosa, il est encore là. » La jeune femme était face à son miroir dans les coulisses en train de retirer les couches de maquillages nécessaires pour le ballet, quand elle entendit ça. Un sourire illumina aussitôt son visage et son cœur se mit à battre un peu plus vite. Le ballet était enfin de retour en Amérique et depuis quelques semaines ne se produisait que dans l'Est du pays. Ce soir c'était New-York, encore. Et il était là, encore. Alors que Rosa avait presque terminé de se préparer et s’apprêtait à sortir, son père fit irruption sans prendre la peine de frapper comme à son habitude. « Ma chérie tu étais magnifique comme toujours ! » Il la prit dans ses bras et posa un baiser sur son front. « Merci Papa, mais tu sais tu dis ça à chaque fois. » Elle regardait son père avec tendresse, il était son premier admirateur. « Je suis ton père je ne peux que te trouver magnifique ! » Voyant sa fille prendre ses affaires, son père se questionna. « Tu vas quelques part ? » Rosa leva les yeux vers lui, vite trouver quelque chose à dire… « Oui, on va… prendre un verre avec la troupe pour fêter notre retour en ville. » Un sourire passa sur le visage de l'homme. « Très bien, va t'amuser et laisse ton vieux père tout seul . » Rosa attrapa son sac et posa un baiser sur la joue de son père avant de vite filer à la sortie de l'opéra. Pourvu qu'il soit encore là, pourvu qu'il l'ai attendue. Elle ouvrit à la volée, la petite porte qui donnait sur la ruelle. Là, elle regarda autour d'elle et vit enfin sa silhouette sous le lampadaire. Son cœur palpita, elle ne le connaissait que depuis deux mois mais à chaque fois qu'elle le voyait c'était la même sensation. Elle pressa le pas pour le rejoindre et arriva enfin à sa hauteur. Là, elle posa sa main sur son bras, monta sur la pointe des pieds et posa un simple baiser sur ses lèvres. « Bonsoir Max. »
« Romy dépêche toi, Maman est en retard ! » Rosa courait dans la maison à la recherche de sa fille, elle avait un rendez-vous important ce matin et la fillette ne cessait de la faire tourner en bourrique. Max avait déjà déposé leur fils aîné à l'école en allant au bureau. Après avoir finalement réussi à attraper le petit monstre, Rosa se dépêcha de la déposer chez sa nourrice avant de se rendre à l'opéra. Un nouveau ballet allait enfin voir le jour, Rosa avait travailler dur pour ça.
La jeune femme avait beaucoup de retard et elle traversa la rue sans même regarder si une voiture arrivait, elle aurait finalement mieux fait d'être en retard…
« Rosa…Chérie... » La jeune femme entendait une voix au loin qui l’appelait, mais tout semblait si lointain et si noir. Rosa avait l'impression d'être dans un gros nuage de coton, elle tenta d'ouvrir les yeux difficilement. Du blanc, un blanc éblouissant et au milieu cette voix encore. Rosa cligna des yeux avant de voir son mari. « Max... » Elle sentit alors la main de son mari serrer la sienne et il lui caressa le front. « Mon amour...Comment tu te sens ? » Rosa cligna des yeux, la lumière l'éblouissait et elle avait la bouche sèche. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Malgré le brouillard qui emplissait ses yeux, elle vit la contrariété et la tristesse dans les yeux de son mari. « Tu as eu un accident… Une voiture t'as renversée… Tu as une commotion cérébrale et ton genou droit, il est cassé... » Rosa comprit aussitôt ce que ça voulait dire, son genou cassé, sa jambe inutilisable, sa carrière achevée. Une larme coula sur sa joue. Sa vie était ruinée. Elle tourna la tête, Max serra sa main. « Laisse moi toute seule s'il te plaît... » Elle était ravagée, en colère, anéantie et personne ne pouvait l'apaiser.
« Tu vas me dire ce que tu veux me montrer à la fin ? » Rosa regarda encore une fois derrière elle alors qu'elle tirait Max par la main. « Arrêtes de poser des questions et suis moi. » Sept longues années s'étaient écoulées depuis que Rosa avait eu son accident, sept années noires. La jeune femme avait tout perdue avec cette collision, sa carrière de danseuse avait volé en éclats. Elle avait dû tout reconstruire et les choses commençaient à prendre forme. Son père avait réussi à venir la faire travailler avec lui, elle était maintenant à la tête de l'entreprise en co-gérance avec son paternel. Elle donnait également des cours de danse à des petites filles sans grand talent, mais la passion d'autrefois n'avait pas disparue… Mais ce soir, après sept années amères elle avait enfin trouvée quelque chose dans lequel s'investir. Rosa tirait son mari derrière elle jusqu'à arriver devant un entrepôt à l'air plutôt abandonné. « D'accord… tu veux me faire visiter une usine désaffectée ? » La jeune femme soupira. « Garde l'esprit ouvert s'il te plaît. » Max n'ajouta rien et suivit docilement sa femme. Elle le fit entrer et monter sur la mezzanine. « Imagine cet endroit aménagé, à cet étage des bureaux, des fauteuils en cuirs. En bas des rings, des cris, des paris, une odeur de tabac, d'alcool... » Rosa fixait son mari qui essayait de visualisez et elle vit précisément à quel instant il compris son idée, une étincelle traversa son regard. Il se tourna alors vers elle. « Tu ne penses tout de même pas à... » Elle ne le laissa même pas terminer. « Si je pense exactement à ça. » Un sourire en coin apparut sur son visage. Max prit la main de sa femme dans la sienne, l'embrassa avant de lui sourire. « Tu es une femme pleine de surprises mon amour. » Le projet était lancé, le club de combat clandestin allait voir le jour.
« Tu ne vas pas échapper à une sérieuse conversation James ! » Rosa suivait son adolescent de fils qui venait de passer la porte d'entrée. Elle avait du aller le chercher au lycée, convoquée par le proviseur. Apparemment le jeune homme avait des problèmes de discipline, et bien sur à cet âge il se fichait bien de ce que pouvais lui dire sa mère… Il était déjà partie s'enfermer dans sa chambre. La jeune femme quitta ses talons, posa son sac et sa veste avant de se lancer à la recherche de son mari. Elle se dirigea en premier dans la pièce qui lui servait de bureau dans leur maison, elle entra sans frapper. Il était dos à elle, au téléphone, en train de régler des… détails. Il semblait nerveux. Rosa s'approcha et passa ses bras autour de sa taille avant de coller son visage contre son dos. Son simple contact l'apaisa. Il finit par raccrocher. « Bonjour Monsieur Starrick. » Elle sentit Max caresser ses mains. « Bonjour Madame Starrick. » Il se retourna, la prit dans ses bras avant de l'embrasser tendrement. Rosa remarqua aussitôt la petite ride sur le front de son mari signe de contrariété. « Tout va bien Max ? Tu sembles préoccupé... » Son mari soupira et tenta d'échapper à son regard. « Je préfère ne pas parler de ça avec toi, tu le sais. » Parfait, Rosa avait un autre sujet à aborder. « Dans ce cas tu aimeras sans doute parler des problèmes de discipline de ton fils... » Max se figea et regarda sa femme en haussant un sourcil. « Des problèmes de discipline ?! » Rosa soupira, elle ne savait pas quoi faire avec son ainé. « J'ai été convoquée par le proviseur aujourd'hui... » Elle sentit aussitôt son mari se tendre, c'était parti. Il s'éloigna d'elle et sortit du bureau, il allait affronter son fils. Elle l'entendit l'appeler dans le couloir. « Jaaaaames ! » Il était déjà un peu en colère, son accent autrichien était un peu plus fort. La jeune femme se servit un verre avant de le rejoindre, la soirée allait être longue...