Dans tes souvenirs, raconte-nous la première fois où tu as été confronté au « Mal ». Quelles étaient alors tes options et quel a été ton choix ? ✚ Il a rencontré le mal à sa naissance, lorsque ses parents l'ont vendu mais il n'en a aucun souvenir. La première fois qu'il a été réellement confronté au mal, c'était lorsqu'il a dû quitter son château pour poursuivre ses études. Il a laissé l'alcool et les filles de joie l'éloigner de son ambition. Il n'a pas vraiment tenter de résister, la passivité étant dans sa nature profonde. Tes choix de vie t'ont-ils déjà apporté des ennuis ? ✚ Conan estime que sa faiblesse lui a fait perdre la fierté de son père. Mais à part cela, il n'y a pas grand chose à dire, les choses sont telles quelles sont et le point de vue moral rentre bien peu en compte pour le jeune homme. D'un point de vue légal, il n'y a rien à déclarer. Quelle importance accordes-tu à l'humanité dans son ensemble ? Comment te comportes-tu socialement ? ✚Socialement, Conan est une catastrophe, il aimerait pouvoir avoir des relations normales et sincères avec les autres mais il n'y arrive pas. Il reste là, il observe, il s'invente des conversations. Il n'est vraiment bien que dans sa solitude et peine à en sortir malgré son désir profond d'aller vers les autres. L'humanité n'a pas tellement d'importance en soit, il cherche simplement à exister, lui. Serais-tu plutôt la « tête » ou la « main » ? ✚ Difficile de trancher quand on conçoit et créé des armes. Il a besoin de tout sa tête, c'est un homme intelligent, minutieux... cela dit, il ne fait confiance qu'à ses propres mains. Quelles sont tes pires craintes et tes plus grandes angoisses ? ✚ Rester ce mystère qu'il est depuis l'enfance, finir seul sans avoir retrouvé ce qui lui a été volé, sans avoir existé dans ce monde. Il a peur du rien, de n'être personne. Il a peur de l'échec et de la désillusion. Conan n'est pas très courageux et il est prêt à tout pour s'éviter quelconque souffrance. Dans ces adjectifs, le(s)quel(s) te définis(sent) le plus ? ✚ Improvisation, impétuosité, rêverie, instabilité, adaptivité, sens pratique, intuitivité, négligence, gaspillage, passivité, habitude, introversion.
Il se souvenait de ses yeux bleus qui se posait sur lui avec une douceur infinie et son sourire illuminer son univers en un instant. Sa longue chevelure rousse venait chatouiller le creux de son cou quand, dans son lit le soir, elle venait le bercer. Elle n'était pas plus jolie qu'une autre femme mais elle apparaissait comme supérieure à toutes les autres, une déesse, la définition même de tendresse. Il aimait sa mère d'un amour profond qu'il n'avait jamais su exprimer mais il c'était toujours plu à croire qu'elle le savait, qu'elle lisait à travers lui, elle qui était la gardienne de son monde.
Il pouvait en dire autant de son père, cet homme qu'il admirait et respecter de part sa force et son infinie justesse. Il savait être un père aimant, un homme ambitieux et un mari affectueux. Cet homme avait insufflé l'ambition de le coeur de Conan, lui donnant à son tour l'envie d'être quelqu'un. Il avait fait naître cette idée folle qu'un jour, il serait quelqu'un de grand, qui marquerait ce monde même si dès le début on l'avait dépouillé de ce qu'il était.
Il ignorait tout de quoi il avait servit mais il le savait, il en était persuadé on l'avait utilisé, souillé. On lui avait volé quelque chose qui le composait, il le ressentait dans chaque parcelle de son être. Son cerveau avait détruit tous les souvenirs, ne laissant qu'un immense vide.
Cependant, les Reilly l'avait recueilli, faisant de lui un héritier du monde qu'ils avaient bâti. Un monde que Conan chérissait même si son enfance avait été bercée par l'idée qu'un jour, il verrait plus loin que la fenêtre de sa chambre et qu'il découvrirait le monde. Il rêvait à cela sans pour autant se plaindre de cette vie couper du reste du monde, parce qu'il était entouré, parce qu'on l'aimait, parce qu'il était protégé.
Et puis, la bulle a éclater, violemment. En un instant il n'y avait plus rien, plus de tendresse, plus d'amour, de patience, juste une pute enfilant sa robe sous le regard dédaigneux du jeune Conan. Il haïssait cette femme, il haïssait son corps courbé, sa tenue vulgaire, ses longs cheveux ébènes et ses faux cils au point qu'il aurait voulu l'anéantir. Néanmoins, il resta stoïque, l'observant quitter la pièce sous son regard froid et accusateur. Il s'allongea alors sur le lit, le regard dans le vide avant d'attraper une bouteille d'alcool de boire dans l'espoir d'être un peu plus saoul qu'il ne l'était déjà. Il détestait le monde extérieur, il détestait cette superficialité, il n'y avait rien de beau, rien de parfait, tout était fade et amer et lui, il se détruisait à l'aide des poisons qu'on lui offrait. Il ne ressentait jamais rien si ce n'est colère et jalousie et possessivité. Il était passif de tout, sauf de ce qui était à lui. Il ne voulait plus être volé. Il avait beau joué tous les soirs au poker, il refusait la défaite, au point d'avoir appris à compter les cartes. Il ne pouvait pas perdre, il refusait qu'on lui prenne plus que ce qui lui avait été volé. Et quand cela arrivé, il noyait sa colère dans une bouteille d'alcool, espérant que l'ivresse lui appartiendrait mais, l'ivresse était bien trop infidèle pour rester dans ses veines. Et quand il n'y avait plus de colère, ni d'ivresse, il jalousait en silence, toutes ces personnes qui prétendaient connaître plus que cela, quelque chose comme le bonheur. Conan se perdait dans son monde, parce qu'il n'était pas prêt, il n'était qu'un fantôme inexpressif que l'on croisait sans voir, que l'on regardait pour l'oublier aussitôt. Il n'était personne, il n'avait pas eut le courage de devenir quelqu'un.
Heureusement, celui qui avait toujours été sa boussole arriva pour l'aiguiller de nouveau : son père. Les mots de Monsieur Reilly envers son fils était dur mais, Conan endossait la colère de son père sans broncher parce qu'il savait. Il était sauvé à présent, une nouvelle fois, son père l'avait sauvé en réveillant des espoirs d'antan.
Des espoirs qui furent vite déchus, anéantis par l'échec. Ce n'était pourtant qu'un simple concours, il savait qu'il aurait pu réussir mais une nouvelle fois, il avait échoué à être quelqu'un et on l'avait de nouveau volé. Cet échec venait de lui voler la fierté de son père, son pilier, son moteur mais aussi les derniers moments avec sa mère, pour rien. Son ange gardien avait pousser son dernier soupir le jour-même où lui, couchait ses mots sur cette feuille. Il n'avait pas pu voir une dernière fois briller ses yeux, elle avait emporté avec elle une partie de lui. Le vide immense qui ne cessait de croître en lui faisant naître un besoin fondamental : retourner dans sa bulle. Il voulait se sentir protéger de nouveau, à l'abri de ce monde infâme, préférant se noyer dans ses pensées et ressasser les souvenirs et cet échec.
Et puis le jour de ses trente ans, il y a eu quelque chose, un changement, l'arrivée de la perfection. Elle est apparue devant chez lui, sa définition de la perfection, la beauté. Elle était celle qu'il aurait pu surnommer Rani, si elle l'avait voulu. Elle lui apportait cette fraîcheur et cette innocence alors que chacune des ses pensées étaient plus noires que le charbon. Elle rayonnait par sa simple présence et sans qu'elle ne lui dise quoique ce soit, il savait. Il voyait parfaitement dans son regard qu'elle le déifiait d'en finir avec son enfer et de se confronter de nouveau au monde. Pour qu'elle lui appartienne, il fallait qu'il ose, qu'il sorte des ténèbres. C'est ce qu'il fit, pour lui, pour elle, il avait osé s'approcher. Et toujours sans un mot, il franchit toutes les limites, jusqu'à ce qu'elle soit à lui. Ce n'était qu'une nuit mais elle était à lui, toute entière, le moindre de ses soupirs, la moindre parcelle de sa peau frissonnante était sienne. Et cette fois, il n'y avait pas de dégoût, pas de haine pour ce corps mais bel et bien de la passion. Aditi était un trésor, rare et précieux qu'il ne laissait partir uniquement pour ne pas le voir périr. Elle était celle qui venait d'allumer une flamme inconnue, la passion.
Ce jour-là, Conan est revenu à la vie. Il a vu son père, il a aidé son père avec une panne technique. Ce soir-là, Conan a brillé aux yeux de son père, retrouvant un peu de cette fierté perdue. Surtout, pour la première fois en deux ans, il venait de s'exposer au reste du monde et ce n'était pas grâce à cette panne mais bien grâce à sa reine. Elle avait changé sa vie, elle l'avait sauvé de son enfer, elle était sa vie à présent. Les évènements se sont suivis et sans que Conan n'est réellement à se forcer, il s'est mis à créer des armes, à la recherche de la perfection. Il se noyait dans cet emploi qui était venu à lui comme un miracle, se souciant guère de pour qui ou pour quoi il faisait ça. Il créait à la recherche de la perfection et bien sûr, aucune de ses armes n'était jamais assez bien pour lui mais pour ceux qui les utilisait, c'était une autre histoire. Pour les autres, il n'y avait pas meilleures armes sur le marché et l'expertise de Conan avait de valeur. Pourtant, il se refusait toujours à retenter quelconque concours, à vrai dire, il refusait même jusqu'à passer son permis. Il était bien trop égoïste pour accepter de confronter de nouveau à un échec comme le précédente. La souffrance, il laissait cela aux autres, ceux qui pensaient naïvement que ce qui ne tue pas rend plus fort. Ce qui ne tue pas vous laisse en vie, il n'y a rien de plus à en tirer.
Sa vie résonnait un peu comme une douce routine dans laquelle il se confortait, où rien ne l'atteignait vraiment. Il n'y a eu qu'un réveil difficile, douloureux qui l'a poussé à retrouver les couloirs de ce lieu infâme qu'est l'hôpital. Insuffisance respiratoire, joli cadeau laissé par ses géniteurs alors qu'il pensait qu'ils l'avaient dépouillé de tout. Ils n'avaient rien d'autre à lui offrir qu'une morte lente et douloureuse, qu'une fin de vie entre mouchoir et traitement. Ils avaient vraiment tout fait pour qu'on lui prenne tout, jusqu'à sa mort. La colère avait pointé le bout de son nez dès lors qu'il avait entendu le diagnostic et elle n'avait fait que croître alors que Conan se retrouvait confronté à faire la navette entre l'hôpital et chez lui. Et puis ce psy, Conan ne l'aimait pas et ne lui parlait que très peu parce qu'il méprisait son métier au moins autant que son attitude. Il trouvait cela arrogant l'idée de prétendre que l'on puisse sauver ou aider quelqu'un mentalement, c'était d'un ridicule. Aucun psy ne pouvait retiré un facteur qui avait fait la somme de ce qu'il était. Personne ne pouvait l'aider.
Personne ne pouvait l'aider et pourtant, en arpentant les longs couloirs de son château, il sentait qu'il avait besoin des autres. Pas des psychiatres ou de quelconques docteurs mais bel et bien des autres, des personnes vivantes. Il ne lui restait que si peu de temps à vivre et ce temps il devait le passer à être quelqu'un pour les autres. Pour gagner sur la vie, c'était sa dernière carte à jouer pour laisser derrière le fantôme qu'il avait été et retrouvé ce qu'on lui avait volé : une identité.