sombre
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rallumer les étoiles ▬ wolfgang

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19.03.16 3:49
RALLUMER LES ÉTOILES
Vous êtes tous misérables, imbuvables, semblent cracher ses yeux quand face à la foule il s'amuse, grand gosse qu'il est qui n'a pas su grandir, que son teint encore jeune renforce dans les cicatrices cachées. Le plus misérable de tous, ce devrait être lui et son costume, lui et son visage bariolé, lui et ses gestes exagérés, grotesque, le nez rouge coincé en plein milieu de la poire. Pour ces gens il est extrême, caricature, chose irréelle qu'il ne peuvent pas capter et puis, il y a quoi à capter dans les mimiques forcées d'un mec qui a probablement raté son entretient d'embauche à l'épicerie du coin ?  Dans les rires de son corps, c'est le public la chose la plus risible, ceux qui s'imaginent sans doute qu'on peut arriver là, poser son cul grassouillet sur un banc et se laisser abrutir l'esprit pas un autre truc que la télévision, ceux qui se foutent du visage derrière le grand sourire sculpté dans la peinture rouge. Pour l'instant. Parce que tout n'est qu'un instant, arrêt dans le temps, moment instables qui se brisent à chaque secondes. Un jour peut-être quand il connaîtra la gloire, il pourra leur dire en face, il pourra retirer le masque et montrer qui il est. Mais ça ne plaira jamais et la gloire ça n'arrive qu'à ceux qui sont heureux, qui ont une famille, une femme, ces trucs normaux qui font gerber tous le monde, qu'on se mente pas.  Ils sont là pour voir son numéro, ses petites conneries, pas de celles que l'on apprend dans les bouquins pour gosses, pour ceux qui se prennent pour des artistes mais qui ne savent rien des arts, qui ne savent rien de la véritable grâce d'un show, c'est eux les vrais clown, il font pleurer de rire dans le mauvais sens, les petites imposteurs. Lui il choisit, lui il dirige comme un chef d'orchestre et  ses mouvements sont ses propres instruments. Tout est calé, méthodique, presque chirurgical, mais il calcule rien, il ressent et tant pis si tout le monde ne peut pas en saisir ni  beauté, ni la richesse infinie, tant que lui sait pour quoi le palpitant s'emballe, tant qu'il lue encore quelque part la folie de l'espoir, celle abandonnée gosse et retrouvé quelques minutes, ô quelque minutes juste d'innocence dans la peau d'un autre, au sein de son propre corps.

De ses poches il sort des clefs, des cailloux, des bonbons qui finissent dans les mains mendiantes des premiers rangs, une colombe aux blanches ailes, à la liberté volage qui s'enfuit dans le nuit, survole le public et le nargue. Ça fait rire les petits ça quand il sort tout ces bêtises, quand il y a des animaux parce que les jeunes n'ont pas encore assez de bestialité pour les haïr, prendre conscience qu'ils sont peut-être pas mieux. Lui les hait, mais il tolère la colombe pour sa pureté, sa symbolique ses mythes, ce qu'elle apporte, il l'aime autant que les corbeaux charognards. Il fait mine de chercher un truc, ne rien trouver, tour suivant, il se prend une tarte dans la gueule, enchaînement de gags sur gags, certains ridicules, qui ne font pas rire, mais on lui impose encore des petites choses. C'est pareil, chaque soir, mais différent. Chaque fois plus de liberté dans l'âme, chaque fois plus de défis dans le regard, chaque fois plus de provocation quand sa voix mute, devient plus aiguë, joue avec des tons, s'empare de tout l'espace comme un commandement divin qu'une petite centaine d'adepte accueille, répond d'un silence éloquent, d'un salut, de mains qui s'entrechoquent dans une salve parfaite.  A chaque fois qu'il ouvra le bouche, il y met l'intonation, il y met le piquant de celui qui voudrait bien plus que se produire ici, qui rêve d'aller dans les cirques les plus réputés. Rien que son nom de scène résonne avec ses envies, ses rêves. Orion. Ce n'est pas pour rien, pas de sobriquets ridicule, il veut un truc qui claque, il truc qui reste en tête. Des regards il en croise un nombre infini, des regards qu'il retient, qu'il désire, comme celui de l'autre gamin, l'autre jour, et celui dans lequel il fond. Celui qui brille d'une autre faim, qui intrigue plus qu'il ne semble intrigué, comme ci il avait fait attention à mascarade, noté que tout n'était pas si désordonné. Quand il se retourne dans ses quartiers, Jason ne quitte pas ses yeux, il est en marche arrière, il connaît le coin par coeur et ne craint pas une défaillance, invitation silencieuse, sa curiosité est piquée à un endroit insoupçonné, sous estimée, ce soir encore il ne dormira pas de si tôt. Ça le démange de savoir qui est ce type dans la foule avec son regard de je sais tout, il faut qu'il lui parle, c'est comme un devoir, c'est au fond de lui, ça lui parle. Il doit aller le voir. Il se faufile entre les planches, il passe de l'autre coté, devient public quand la fin s'annonce, qu'il sait sa présence non requise, non voulue. Il faut qu'il l'attrape avant qu'il ne prenne la fuite, ce serait trop dommage de le rater, il le cherche, il se met dans son chemin, à contre courant de la foule, pour mieux le capter, ou se faire capter.
(c) AMIANTE
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20.03.16 11:26
RALLUMER LES ÉTOILES
Palais des exagérations, déchetterie humaine. Vient de sortir du royaume des toqués, pas habitué aux regards des autres ; le cirque pour se consoler. Permet de passer sa soirée couvert. Loin de s'imaginer un tel spectacle, un tel endroit. Première fois. Yeux dépucelés des gestes sculptés. Les lumières s'assombrissent et les malheureux passent et repassent sur scène. Les plus jeunes rient, les plus vieux contemplent, les plus réfléchis comprennent. Les clowns s'installent, dévalent, conneries sur conneries, cinéma déplaisant. Désordre dans les mouvements, poupées malléables qui ne savent pas quoi faire ni comment réagir face aux plaintes du public. L'Allemand dépité en voyant l'acte, tout est simple, rien n'est drôle. Tarte dans la gueule, claque bien placée sur les fesses, nez qui couine. Ses yeux roulent, pense à partir, à chercher amusement ailleurs. Pourtant les lumières changent, dévient, un nouveau entre sur scène. Incite à rester. Il s'avance le monstre, commence son show. Le temps semble s'arrêter, les membres dessinent dans le vide des toiles incomprises, les gestes sont sculptés, travaillés. Ses yeux ne quittent pas l'individu qui bouge face à lui. Il l'observe, retient les mimiques qui reviennent, qui forment la personnalité de l'autre. Quelque chose de magnifiquement laid commence à prendre forme dans sa caboche trouée. Charisme mélangé au pouvoir des gestes, à la passion d'exercer, un côté malsain qui se dessine dans les gags. Il pourrait passer des heures entières à le regarder se mouvoir sur scène, à comprendre le mécanisme de ses gestes, à comprendre pourquoi. Pourquoi ne pas faire plus ? Pourquoi ne pas exprimer son art, si l'on peut qualifier sa manière d'être d'en être un, ailleurs que devant des gosses qui s'émerveillent devant une blanche colombe ? Jaloux. La jalousie commence à s'installer, veut lui piquer son savoir, veut faire mieux, pire, veut lui ressembler. Trop bestial. Croque les joues, arrache des jugulaires, veut le faire avec classe et panache. Tous les clowns provoquent les rires, mais Orion provoque l'envie d'avoir. L'envie d'être son égal, son ami, l'envie de le guider vers un monde qui peut faire de lui un roi. Les gestes continuent, les rires s’amplifient et l'émerveillement ne s'arrête pas. Mâchoire qui se contracte. Jaloux comme un gosse. Désir de le pousser plus loin, désir d'avancer avec lui, désir de copier ses gestes, d'en faire ses propres, d'en faire des mieux. Retour à la réalité quand son voisin le bouscule, le show s'arrête. Fin de l'acte, pièce de théâtre terminée, adieu les beaux déplacements à la commedia dell'arte. Tous quittent le chapiteau, passe devant les yeux du perturbé, puis les regards se croisent. La plus longue seconde de sa vie. Le temps de lui adresser une parole via le lien invisible qu'on fait leurs deux yeux, un petit je-sais-tout, un énorme je-te-veux.

Le lien se brise, ne supporte pas les yeux d'un autre. En un geste Wolfgang s'éloigne, s'enfonce dans la masse civile. Silencieux. Va revenir demain, dans la nuit, dans deux semaines. Ne veut pas laisser un tel potentiel derrière lui. Ne veut pas partir, en fait. Sensation d'être épié. Il s'arrête, disparaît dans la foule. Observe le visage de celui qui le traque. Orion. Il est là, revenu, il le cherche. La tête se baisse vers le sol, sourire mesquin, le loup s'approche. Sa voix s'élève juste à côté du clown. « c'était excellent. » La populace trace sa route, ils s'enferment dans une même bulle. Il ne cherche pas son regard, préfère parler sans le soutien visuel. « .. mais tous ne voient pas avec mes yeux. » Son visage se lève, ses iris parcourent le paysage, Keiser observe les têtes de tous. Tous normaux. Tous différents. Tous qui ne ressemblent pas à cet Orion. Étoile qui sert de guide au marin qu'il est. Le masque est ôté, le visage humain s'expose aux yeux attirés. Il l'observe légèrement. Pas bien vieux, pas bien jeune, l'âge qu'il faut. Lumière qui brille dans ses pupilles d'un noir abyssales. « tu peux être tellement mieux. » Dernière parole. La foule l'emporte, il s'avance, laisse sa phrase s'entrechoquer dans la caboche de l'inconnu. N'a jamais parlé autant en si peu de temps. Pas habitué. Le loup s'éloigne, bouscule quelques personnes, s'écarte des autres. Quelques secondes de plus et la suffocation aurait pu s’enclencher. Quelques mètres plus loin, il attend. Il sait que l'étoile va le suivre, il sait que l'étoile veut lui parler. Elle ne l'aurait pas cherché sinon. Elle ne l'aurait pas traqué dans le couloir du monde, elle ne serait pas redescendue sur terre après un show aussi vivant que le sien. La nuit est tombée, ses sœurs se dessinent sur le ciel noir et la grosse dame blanche observe les deux inconnus se rencontrer. Il approche. Bruit qui souligne ses pas. Besoin de solitude pour discuter.
(c) AMIANTE
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23.03.16 18:54
RALLUMER LES ÉTOILES
Pourquoi ce sont les yeux les plus mystérieux qui fuient, miroirs dans lesquels on pourrait se discerner, les vrais contours fantomatiques, luciférien? Ils en savent trop, brillent d'intelligence, ils ne supportent pas la carcasse humaine, la bêtise, la haine. Les yeux seuls savent ce qu'ils ont devant eux, comment leur reprocher de ne pas tenir face à une telle pourriture, une intenable statue de perversité. On ne recherche pas tant à être aimé, quand on peut-être comprit. Remarqué parmi des vagues humaines qui nous passent à coté, sans tourner le regard, qui semblent ainsi ignorer ce qu'elles ont à leur coté, un esprit bien plus brillant que le leur, fier, arrogant, qui pourrait tous les écraser s'il décidait de se rebeller contre la volonté d'une conscience faible, mais conservatrice, qui n'autorise pas le sang. Le regard est entendu, ce n'est pas un rêve, les rêves n'existent que de fumées, dans les cauchemars de la nuit, dans l'absence de lumière ; encore moins une illusion, ce qu'il voit il le voit et rien, rien ne peut trahir l’œil, portail entre le monde et l'inconnu qui se loge dans les murs de l'être. On cache, on empile ce qu'on est derrière des barrières, des façades que l'on érige derrière des gestes, des mimiques, on se crée son propre costume, tous comédien d'une pièce sans fin, d'une tragique imposture, tous déguisé comme au carnaval, les rois brûlés. Il est des gens qui savent lire derrière les faux-semblant, derrière les yeux, sans même parfois avoir besoin de rester planter dedans, juste une subtil accord, un esprit vif. Des esprits qui méritent tant d'être poussé à la lumière, mais qui ont compris qu'il n'y a rien d'intéressant à capturer à la lumières des mondes. « c'était excellent. »  Pas bon, pas bien, excellent, des mots choisis avec délicatesse et qu'importe la raison derrière, il prend comme ils viennent, avec le sourire, le torse qui se bombe imperceptiblement et le mouvement alentour n'a plus aucune importance. Celui qui erre sur son chemin n'est ps de ceux qui parlent sans penser chacun de leurs mots.   « .. mais tous ne voient pas avec mes yeux. » Il aimerait revoir le regard, mais il est perdu quelque part, fixé sur tout sauf sur lui et c'est un détail qu'il note quelque part, au cas où ça pourrait lui servir, bien qu'il doute l'utiliser. La personne en face de lui n'est pas de celles qu'il chasse, il est lui aussi de ces êtres aux obsessions malsaines, il n'a pas besoin de connaître les failles de quelqu'un qui pourrait rentrer dans les siennes. Savoir garder ses arrières, laisser les choses venir pas à pas. Se presser risquerait de cacher le moment, le rendre impoli. « tu peux être tellement mieux. »  Les mots font échos, réveillent des pièces endormies dans son crâne, celles qu'il se garde bien d'ouvrir, on ne sait jamais ce qui se terre dans les tiroirs de l'âme, on y jette tout, souvenirs d'enfances, rêves incendiées comme incendie de désir. On y retrouve qu'un glacier d'écorchures, de fractures prêtent à se rouvrir.

L'apparition s'échappe, il ne faut pas qu'elle parte, trop de choses lui échappent, sa lumière noire ne doit pas elle aussi se fondre dans l'horrible marée humaine. Ce serait terrible si elle partait maintenant, il ne peut pas rester là, pas après ça, pas après qu'on a ai tant remué dans les plaies la  lame sainte, ça le ronge jusque dans ses poumons, il doit savoir à qui il a affaire, c'est un devoir, débusquer cet être étrange, étranger du monde commun, car il n'a rien de normal, lui non plus pour ainsi dire, ça se reconnaît les caboches tordues. Il le suit dans le sein de la nuit, sa nuit, celle dans laquelle il a choisi de vivre, il ne ferme pas les yeux devant le spectacle des étoiles, ses sœurs, ses désirées, celles dont il emprunte le nom pour se sentir plus proche des cieux inexploré qu'il lui tarde de découvrir. Tous ces hommes qui parlent de l'espace comme s'ils le convoitait vraiment font cette erreur gamine de clore leurs paupières quand il s'approche d'eux, quand il paraît à la mort de l'astre, cette noirceur là attire l'être humain comme des papillons à la lueur d'un phare, et après il se dit pur et après il se dit lumineux, lui qui se repaît dans les ténèbres, lui qui désire. Cet amour pour le terrifiant. C'est tout de suite plus calme quand les cris, les voix se taisent, l'effervescence laisse place au silence, si favorable à la parole, toujours prêt à être brisé. « Qu'est-ce qui te fais dire tout cela ? » Essoufflé d'avoir couru, les paroles se hachent légèrement, mais il trace toujours, pour ne pas que son papillon de nuit ne s'envole quitte s'asphyxier, il ne pourrait plus respirer si sa chance s'éclipsait de toute façon, il brille, il est le phare de sa nuit, il appelle la reconnaissance et l'admiration, il crie, qu'enfin quelque s'intrigue de sa nature, celle qui dort encore dans le soupir. Il ne doute pas un seul instant de la véracité des propos d'en face, mais il doit tout entendre de ses propres oreilles. « Je serais bien curieux de savoir ce que tes yeux voient. » Si précieux, si précieux le regard fuyard d'une créature qui sait lire dans les lignes du mensonge. Fascinant, ces êtres que rien ne trompe, qui rendent si vulnérable, mais c'est loin d'être effrayant, c'est excitant. Il respecte une certaine distance, essaye d'imposer son regard, lui aussi curieux, lui aussi affamé.
(c) AMIANTE
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