nuits fauves

dans tes souvenirs, raconte-nous la première fois où tu as été confronté au « mal ». quelles étaient alors tes options et quel a été ton choix ? ✚ jurons vulgaires et gestes impies, le panaché méphitique, le cocktail quotidien aux mois de sa jeunesse, le souffle délétère sur sa bouche ruinée, la carcasse tremble déjà à l'aube de sa dixième année. Au pied de la vermine, le mioche se heurte aux sacres paternels   tes choix de vie t'ont-ils déjà apporté des ennuis ? ✚ les pistes sombres et imprudentes, le choix d'éviter les boulevards tranquilles et bars heureux. Se dérober du monde, de l'humanité bruyante. L'horreur pour cette divine comédie, le rat qui se niche dans les endroits miteux où la vermine danse et chante ses murmures hostiles.quelle importance accordes-tu à l'humanité dans son ensemble ? comment te comportes-tu socialement ?  ✚ courbature aux mondanités, trébuche loin des bonnes manières, des politesses excessives. Jargon vulgaire au bout des lèvres, nuées cendreuses au bout du cigare cintré d'un sourire sournois serais-tu plutôt la « tête » ou la « main » ? ✚ dispute des paluches, querelle pour tâter la chair, capturer le butin convoité. Les idées, le fil cérébral où balance la charogne, la  prudence de l'habile, l'artiste sinistre quelles sont tes pires craintes et tes plus grandes angoisses ? ✚ l'obscurité tapisse les rêves de crinière dorée et minois blanc, de gorge souillée, de lèvres humides. Cauchemar ravivé d'une tourmente passée, l'angoisse de nuits fugaces, sommeil fuyant sur l'oreiller humide, les belles moribondes crevées au pied du lit dans ces adjectifs, le(s)quel(s) te définis(sent) le plus ? (indique les en gras) ✚  improvisation, impétuosité, rêverie, instabilité, adaptivité, sens pratique, intuitivité, négligence, gaspillage, passivité, habitude, introversion.

Croquer la chair, la déchirer sous la blancheur souillée de ses crocs affamés. La gorge se crispe d'hurlements, cherche la délivrance. L'air se gorge de putride, fait suffoquer le moindre micro-organisme nimbant les parcelles atmosphériques. L'esprit se dessèche de curiosité pour le regard figé bloqué sur lui. Des orbes écarquillées, la belle endormie à tant à raconter. De la manière dont ces blessures sont arrivées sur son livide minois, aux marques impies logées le long du galbe rougi de ses cuisses froides. Lui et ses questions, elle et ses réponses, valse muette où l'habile décortique la vérité et dévoile ou ruine les indices. Danse macabre où s'exerce le morbide dans la salle aseptisée de la morgue sinistre. Les chuchotements cruels sous le néon grésillant, les pensées curieuses pour l'hostile bourreau et son éclipse une fois le méfait accompli. Des soirs où l'admiration chatoie dans le regard vitreux, d'autres où se creuse l'amertume d'une oeuvre immonde, d'un corps ravagé au rythme de pulsions assassines. Le cœur prêt à bondir de sous la cage, à clamer au crime, au cambriolage. Au pillage d'une seule vie. La hargne d'une mort brutale, d'une carcasse fracassée à coups d'éclats. Les bruits hurlants, les larmes pourpres et gestes frénétiques. Puis c'est l'éveil, la réalité vertigineuse, la sensation de soif, le silence qui perce l'âme, défait le nébuleux. Papillonne l’œil, claque la langue sous le rictus amer. Dépouille muette et figée dans son antre morne du moindre bruit. Encore une fois, la traversée éprouvante et l'empathie bouleversée, l'ambulance à travers les indices laissés, l'ambition coûteuse des réponses recherchées. Prêt à payer de sa mortalité, la quête inapaisée sur des tortilles inhospitaliers, le vorace dans l'ombre des colosses.


Elle. Sacré féminin, noble galbe et sublime ivoire. Il est le robuste qui la protège, le petit prince pliant genou pour la princesse. Il court dans ses pas, offre protection et cherche candide sourire. Au seul désir d'être à ses côtés, recomposer le puzzle, joindre le yin et le yang. Son auguste moitié, sa dyade bien aimée. Un demi siècle de partage, d'amour ambiguë et d'inceste furtif. Puis un soir, la veille d'un diplôme largement mérité, de guindailles universitaires impatientées, se meurt la muse dorée, trépasse la jumelle au bras du féroce. D'un crime paternel ne subsiste qu'un duo mutilé, un garçon rescapé. Le père en horreur, l'asile pour accueil. Commence la fugue de l'orphelin, l'échappée sur le globe désargenté.  Des années d'errance, de rencontres bigarrées. Des catins européennes aux danseuses occidentales, les parfums nauséabonds et visages immondes. Quelques années avant le retour du gosse ridé dans la jungle hostile des cowboys. Un pas dans la cour des lions et le voilà entré dans la bande. Jolie charogne, diable charmant aux ordres du boss. Des massacres en son nom, sa patte rare. A la préférence de nettoyer les chantiers, d'en ramasser les restes et falsifier les preuves. Légiste à la botte des chacals. Prince à la poursuite de la jumelle, d'un sosie parfait. Lassitude des déboires quotidiens, musarde la crapule sous la voûte nocturne.