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somebody to die for (lloyd)

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04.02.16 12:04
† Blanca & Lloyd
just gonna stand there and watch me burn but that's alright because I like the way it hurts. just gonna stand there and hear me cry but that's alright because I love the way you lie.


« Tu voulais me voir ? » Blanca s'avance. Un pas, deux, puis trois. Elle se retrouve face à la table du boss. Assis. Concentré. Il semble tout colère. Ses traits sont crispés. Autant que ses phalanges sur un dossier encore fermé. Elle pourrait reconnaître son air parmi mille. Au fil des années, la brune a appris à saisir chacune de ses réactions. Les bonnes. Les mauvaises. Blanca demeure nerveuse. Bien qu'elle ne montre rien. Si elle a été convoquée ici en pleine après-midi, ce n'est pas pour rien. Elle le sait. Son visage de poupée appelle aux réponses. Alors que son corps pourrait se mettre à trembler. Comme une feuille tombée d'un arbre. Comme une gamine apeurée devant les réactions de son père de substitution. « Assis-toi. » Un ordre. Une voix ferme – ne laissant pas de doutes à l'état de la situation. Blanca le regarde. Pourtant lui fuit ses prunelles opales depuis le début. Elle lâche un soupire et s'assoit. Les bras croisés contre le bois abîmé de la table. Elle attend. La sentence. La suite. La débâcle. Alfio relève la tête. Cette fois-ci, son regard croise celui de Blanca. Un échange presque glacial. Les prunelles noires de l'homme foudroient la gamine du regard. Elle semble suspendue à une équation à inconnue. Nerveuse, elle ne montre rien. Un haussement de sourcil pour l'inviter à continuer. Parles, bordel. « J'ai entendu des rumeurs. » Commence-t-il à dire. Il ne laisse pas le temps à Blanca de parler. Sa bouche se rouvre dans la seconde pour poursuivre son discours. « Des rumeurs qui parlent d'un certain avocat, Lloyd Mckinney qui aurait cru bon de nous doubler pour du fric. Pour du putain de fric, ton salopard de mari aurait préféré envoyer Soren en taule, pour sauver le cul d'un dealer. » En une seconde tout s'effondre. Il ment.  Il y a erreur sur la personne. Il aurait pas fait ça. Pas sans la consulter au moins. Pas sans lui dire. Le cœur de Blanca s'affole. Des battements inégaux. Accélérés. Aussi vifs que la colère qui grimpe. Et que la honte qui vient colorer ses joues d'un rouge sanglant. « Photos à l'appui. » Dit-il en balançant des photos de son époux et du fameux dealer. Elle croit rêver. Ses yeux parcourent les clichés à mesure que sous la table ses poings se serrent à en fer mal. Le sang circule mal. C'est douloureux. Aussi douloureux que le goût de la trahison qui grimpe dans sa chaire. Dans son cœur surtout. « J'savais bien qu'en épousant ce connard, tu faisais la plus grosse erreur de ta vie. » Dit-il. Il n'aime pas l'avocat. Il n'a jamais réellement  compris le choix de la brune. Sans s'interposer, il a fini par se pointer au mariage. Parce qu'elle le considérait comme un père. Parce qu'elle avait besoin de lui. Mais, ça n'a pas empêché le mafieux de serrer les dents en la voyant prononcer le oui fatidique. Il enrage sur place. Il se relève et tape dans la chaise qui valse contre le sol. Blanca fulmine sur place. Elle se sent honteuse et misérable. Elle a l'impression de trahir les siens par procuration. Elle n'ose même pas relever le regard. Mais Alfio la force. Une poigne sous son menton pour croiser ses yeux. Une étreinte douloureuse qui brûle son échine. « Tu as intérêt à lui faire cracher le morceau. Sinon, tu sais très bien comment son compte sera réglé. » Une balle entre les deux yeux. Cervelle sur le bitume. Corps dans le caniveau. Ricanements. L'affaire est bouclée. Elle le sait, oui. La peur devient aussi présente que la rage. « Je sais. » Puis sans dire quoique ce soit de plus, elle se lève. Ramasse toutes ces photos et se tire de l'endroit. Elle doit sortir. Retrouver un semblant d'air. Elle étouffe. Elle a la sensation de tout perdre. Sa crédibilité. Et surtout la confiance donnée à son époux. Elle monte dans la bagnole. Elle serre le volant de toutes ses forces. Puis part en direction de leur demeure.

Les gouttes d'eau chaude chutent en cascade sur sa peau. Les mains contre la paroi de la douche. Les paupières scellées. Elle ne sait plus quoi penser. Comment agir. Prise entre la colère et la déception. Elle revoit Alfio. Sa colère. Ses doutes. Sa détermination. Elle entend encore sa voix rauque. Elle se sent minable. Bonne à rien. Elle a déçu son patron. Elle a déçu celui qui lui avait donné sa chance. Celui qui l'a sauvé du caniveau. De sa vie miteuse. De sa mère destructrice. La brune soupire. Elle rouvre ses yeux. Sa cage thoracique se soulève. Elle quitte la cabine de douche. Face au miroir, Blanca s'observe. Son reflet n'a plus rien d'une tentatrice. Elle n'est plus rien à cette seconde précise. Plus maquillée, les cheveux en bataille. Les gouttes d'eau sur ses formes voluptueuses.  Princesse de tentation devenue poupée de chiffon malmenée. La demoiselle secoue la tête et chasse tout ça de sa tête. C'est la colère qui redevient reine. Elle attend le retour de son époux. Elle lui a demandé de rentrer plus tôt prétextant un problème à la maison – sans en dire plus. Elle doit s'expliquer. Elle doit comprendre. Elle doit aussi lui faire payer sa trahison. On ne plaisante pas avec la mafia. Ce n'est pas une distraction. Ce n'est pas un moyen de se sentir puissant. C'est du sérieux. Encore plus quand on s'amuse d'eux.

La brune enfile à la vas vite un pantalon sans forme et un débardeur blanc. Elle n'accueillera pas son mari dans une robe scandaleuse. Elle ne mordillera pas sa peau – heureuse de le retrouver. Elle n'effleura pas ses lèvres pour y laisser une trace de rouge. Rien de tout ça n'arrivera. La brune descend les escaliers. Elle arrive dans le grand salon. Sa main saisit le paquet de clopes pour en extirper une. Le bâton de nicotine arrive à ses lèvres. Elle tire dessus comme une acharnée. Comme une camée en manque. Drogue douce dévalant le long de sa trachée. Drogue douce cramant ses poumons pour la calmer. En vain. Quand les clés tournent dans la porte d'entrée, son corps se crispe. Elle sait qu'il est là. Qu'il arrive. Qu'il pense retrouver son épouse – comme tous les soirs. Elle entend les quelques pas qui mène Lloyd au salon. Lui faisant d'abord dos, elle se retourne. Son regard est aussi noir que captivant. Aussi colérique que froid. Elle continue de tirer sur sa clope en le fixant de tout son long. Comme une proie qui va se jeter sur victime pour la déchiqueter. C'est ce qu'elle rêve de faire. Le gifler. Le frapper au sang. Le foutre à terre et lui faire payer ses agissements. Elle sent son cœur qui s'emballe. Elle sent son corps se ternir d'une enveloppe douloureuse. « Poses ton putain de cul sur c'te chaise. » Que Blanca ordonne d'une voix tyrannique. Le soumis. La dominatrice. Encore. Et cette fois-ci aucune dose de plaisir au compteur. Elle se rapproche de la grande table. Attrape le dossier non loin de là et le balance vers l'avocat. Les clichés s'étalent. Les yeux de ce dernier marquent sa surprise. Sa gêne. Et tout ce qui va avec. « Alors, ça te dit quelque chose ? » Elle veut des réponses. Maintenant. Elle veut pas le voir bégayer comme un crétin. Elle veut pas l'entendre mentir – encore. Il n'a aucune idée de la merde cauése. Encore moins du couperet macabre qui pèse sur ses épaules. Blanca se rapproche. Elle coupe court à la distance entre eux. « Dis-moi que tu as pas fais ça. » Le ton de sa voix est d'abord calme. Étrangement doux. Étrangement posée. Cela ne dure qu'une demie-seconde. Elle ricane de plus belle. Tout ça est nerveux. Ses paupières se ferment. Le visage de son boss revient. Les même paroles s'échappent dans ses pensées. T'es qu'un putain d'abruti Lloyd. En rouvrant les yeux, elle le regarde. Intensément. Jamais. Jamais elle n'a éprouvé une telle colère envers son époux. Jamais. « DIS MOI QUE TU AS PAS TRAHI LES MIENS LLOYD. » Crie-t-elle, faisant sursauter le concerné au passage. Parles maintenant.  Elle fait trois pas en arrière et se rallume une nouvelle clope.
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05.02.16 23:57
† Blanca & Lloyd
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse a dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Grim marche de long en large, sous les yeux plein de larmes de l'auditoire.  Ses chaussures claquent sur le sol, et son regard, fixe, lorgne monsieur le juge. S'il est désormais écouté de centaines de curieux alertés par les médias, son attention seule reste tournée vers son principal objectif : sortir John de la merde dans laquelle il est fourré jusqu'au cou. Face à lui, une prostitué à qui il a cassé le bras après l'avoir violée. Gratuitement. Il ne risque certes pas la prison pour des années (qui dont se soucie aujourd'hui des putes ?), mais même quelques mois ne sauraient être acceptables pour un membre important tel que lui, à l'esprit agile mais aux passions violentes. Comme toujours, Lloyd est celui à qui l'on fait appel. Il est de ceux aux talents certains et au travail bien fait. Il est cet avocat crapuleux en qui l'on place sa totale confiance. Habile menteur. Monstre drapé sous le voile de la vérité. Sa voix résonne dans l'amphithéâtre qui leur sert de cour d'assise, sa voix résonne et se fiche dans le cœur de la victime et sa famille à mesure que le visage de John se pare de ce sourire victorieux et amer. « Comment pouvez-vous croire, monsieur le juge,  cette femme de basse extraction, cocaïnomane et dépourvue de morale ? Voyez mon client : il a un travail honnête, une famille respectable, et vous oseriez le traîner dans la boue sous la simple confidence d'une prostitué droguée ? Voilà qui serait une décision, vous en conviendrez, totalement absurde. Quand au bras très évidemment cassé, mon client ne nie pas avoir payé cette femme pour des relations sexuelles d'ordre sado-masochiste, mais n'est-ce pas là ce qu'elle a choisi de faire comme métier ? Mon client est ainsi vierge de tous torts, si ce n'est celui d'avoir joué le jeu dangereux auquel la vicissitude de cette femme l'avait conduit. » Il se tait enfin, laissant résonner ses paroles aux oreilles du juge qu'il fixe désormais de ses yeux convaincants. S'il est fier d'avoir fait son petit effet, s'il est fier d'avoir conquis la foule de ses miasmes dégoulinant de mensonges, s'il est fier d'avoir dupé la vérité au profit de la perversité sadique d'un homme, il sait que rien n'est définitivement gagné. Le juge doit rendre sa délibération, alors que Lloyd rejoint son client, client suffisamment confiant pour oser esquisser l'ombre d'un sourire vainqueur. La morale s'en va avec le juge, lorsqu'il claque la porte derrière lui pour décider de son jugement, laissant aux spectateurs curieux et avides de morbidité tout le loisir de discuter l'affaire. Il ne tarde pas à revenir. Lorsque le marteau frappe trois coups pour réclamer le silence, la sentence tombe comme un couperet. « Je déclare mr winston non coupable. » La justice est rendue. Lloyd ne tarde pas à franchir les quelques mètres qui le sépare de la sortie, sous les huées et les insultes de la famille de la victime. Il ne leur accorde pas un regard. Voilà bien longtemps que la morale s'est fait la malle.

Lorsque Lloyd lit le message de sa Dame, il ne comprend pas, d'abord. Puis ne cherche pas à comprendre, ensuite. Il entreprend le trajet habituel qui le sépare de la maison, fierté en main d'avoir encore écourté une affaire qui aurait du prendre des semaines. Des semaines sous les feux des projecteurs médiatiques, voilà justement ce que voulaient éviter les grands parrains de la mafia. En toute conscience, il avait rendu sa justice, et John pouvait de nouveau errer en toute tranquillité dans le lit des prostitués qu'il aura choisi. Cela ne le regarde plus. D'ailleurs, à peine a-t-il rejoint sa voiture que Lloyd a oublié. Désormais, seule sa femme le préoccupe. Il brûle de retrouver sa beauté froide, de déposer un délicat baiser sur son front, il meurt de la serrer dans ses bras et de se perdre dans son regard. Chaque soir, il crève d'impatience de la revoir. Et c'est cette sensation là seule, nouvelle et passionnée, qui fait palpiter son cœur là où il n'y avait plus que marbre désœuvré. Il franchit sans crainte la porte de l'appartement, après y avoir fait tourner ses clés. Il l'imagine déjà, belle et nue, surnaturelle et divine, il la voit allongée dans une pause délicieusement lascive, il rêve de la rejoindre, de se perdre dans des nuits enflammées d'amour consommé, avant de trouver un repos éternel dans les bras de sa maîtresse. Il pourrait mourir pour elle. Il ne voudrait mourir que pour elle.
Pourtant, le visage qui est le sien lorsqu'elle daigne enfin se retourner n'a rien de semblable à ses fantasmes. Certes, elle reste cette femme fabuleuse et magnifique qu'il a choisi pour le meilleur comme pour le pire. Oui, ses yeux n'ont rien perdu de leur éclat, pas plus que ses lèvres semi closes n'ont perdu de leur attrait. Il n'y a pas dans ses retrouvailles le moindre éclat de bonheur. Rien qui ne témoigne de sa joie, pas d'effusion. Bien loin de là, Lloyd ne lit en elle qu'une colère destructrice et ravageuse, une colère sourde, une haine froide. Elle est cette déesse chasseresse dans laquelle on lit tant de désirs que de passions. Il doit l'admettre, son visage fermé et ses mâchoires crispés l'attirent aussi surement qu'un aimant. Le danger est sa drogue, sa dope, son héro. Lorsqu'elle prend la parole, pourtant, il perd de sa superbe tout autant que de sa lubricité. En elle, il perçoit cette fois l'assurance contenue d'un ouragan. Elle lui ordonne de s'asseoir, ce qu'il exécute sans broncher, intrigué sérieusement cette fois par la cause de cet énervement. Elle l'inquiète, elle l'effraie. Oui, elle le terrifie. Lorsqu'il jette un œil aux clichés qu'elle lui balance au visage, sa superbe s'envole définitivement par la fenêtre entrouverte. Cette fois, il est dans une merde noire, et nul avocat aussi doué que lui ne le tirera de ce pétrin. Son cœur s'emballe, et c'est en lui toute une mécanique qui se dérègle. La belle assurance de ses talents se mêle à son idiotie, et le regret vient poser la dernière note à cette mélodie oh combien disgracieuse. Comment avait-il pu penser une seconde pouvoir doubler les gars de la mafia ? Un moment d'égarement, sans doute. Moment d'égarement, fruit d'un ego surdimensionné, qui pourrait lui coûter sa tête. Suffisait d'un mot. Un mot.

Le hurlement de Blanca le fait sursauter et il lâche les clichés qui se répandent perversement sur la table. C'est distinctement qu'on reconnaît son visage, son port de tête, son costard à 3000 dollars. C'est tout aussi distinctement qu'en ayant suivi l'affaire Soren, on pouvait y apercevoir en sa compagnie le dealer qui l'avait fait chuter en taule. De là, le lien n'était pas difficile à concevoir. Il était évident que Lloyd avait raté sa plaidoirie par choix. Relever la tête pour affronter le regard de sa femme lui semble un supplice infini. Les muscles de sa nuque se tendent, semblent se rompre, se nouent de tous côtés. Lorsqu'il y parvient enfin, ses yeux fuient le regard dévastateur et moraliste qu'il devine sur le visage de son épouse. A cet instant, il préférerait affronter trois mafieux à mains nus que de se plonger dans ce regard, tout près des portes de l'Enfer. « Ce n'était qu'une histoire sans importance. Soren n'a écopé que de trois mois de taule, et c'est  loin d'être une pièce maîtresse pour ton cher Alfio. » Une mauvaise excuse servie sur un plateau de jalousie, voilà un repas que Blanca ne tarderait pas à détester. Alfio. Homme de grandeur, homme de pouvoir, il était de ces personnages qu'il n'aimait pas, ne serait-ce que par leur proximité avec son épouse. Proximité qu'il ne se gênait pas pour lui reprocher avec avidité. « Ecoute, la trahison est un bien grand terme. Avec tous les services que je leur rends,  et avec le risque de me compromettre que j'encours perpétuellement pour des gars que je ne connais pas et qui sont capables des pires atrocités, bref, en dépit de tout ça, ils refusent toujours d'augmenter mes salaires ou de m'apporter le minimum vital de reconnaissance que je mérite. Je suis bien obligé de les chercher ailleurs. » Lloyd se lève et, en dépit de la peur que lui inspire sa femme à cet instant précis, en dépit de la crainte sourde tapie au fond de son ventre qui lui répète constamment de ne pas approcher ce tigre aux aguets, il pose sa main sur la sienne. Doucement. Délicatement. Comme pour ne pas effrayer encore cette bête sauvage. Comme si de telles précautions pouvaient suffire... Il la touche de ses doigts fins et rendus froids par l'anxiété, et en elle, il retrouve un semblant de sérénité. Bien qu'elle l'effraie, elle est cette femme qui instille en lui le meilleur. « Où as-tu eu ces photos, chérie ? »  

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06.02.16 14:38
† Blanca & Lloyd
just gonna stand there and watch me burn but that's alright because I like the way it hurts. just gonna stand there and hear me cry but that's alright because I love the way you lie.


La colère. Fléau qui hante Blanca. Chaque pore de sa peau en est imprégné. Son cœur encore plus. Pêché capital qu'elle empreinte à merveille. Autant que la luxure. Ou même la gourmandise. Ce sentiment s'est infiltré dans ses chaires. Comme ça. Au grès des mots d'Alfio. Au claquement de son amertume et de sa déception. Elle a déchanté la gamine. De favorite à femme de l'homme à abattre. Pour une histoire de fric. Pour du pognon capable de lui filer la gerbe. Les illuminations lubriques dans ses yeux n'existent pas. Remplacée par cette brillance d'algarade. Une brillance en suspend. Qui attend de s'exiler dans l'air. Qui attend de pouvoir faire – à nouveau – valoir ses droits de dominatrice. Elle ne ressent que cette envie de vengeance. Cette envie de comprendre aussi. Pourquoi? Pourquoi lui as-t-il caché tout cela ? Pourquoi as-t-il pris un tel risque ? Pourquoi avoir préféré un dealer à son camp à elle ? Tant d'interrogations qui font cogner ses tempes. Son crâne devient douloureux. Avide d'être soulagée. Et incapable de l'être, finalement. Son courroux est prêt à en découdre. Encore plus maintenant que l'avocat est là. Avocat du diable, surtout. Un pacte qui pourrait lui coûter la vie. Elle le sait. Elle a l'habitude maintenant. Elle ne compte plus les fois où la détente a fait exploser la cervelle d'inconnus. Elle ne compte plus les hommes morts pour avoir cru bon de se payer la tête du boss. Le sang a coulé. Liquide rougeâtre qui s'est déversé sur le bitume. Des corps qui ont fini dans des ravins, carbonisés, histoire de. Toute cette violence. Une violence presque trop intense pour une femme.  Mais pas pour Blanca. Elle a apprivoisé cette impétuosité. Elle a fait en sorte de s'y habituer. Comme une mécanique redondante. Comme une routine que trop bien maîtrisée. Douze ans à manipuler les armes. Ses courbes pour ravager les hommes. Douze ans a avoir appris à reconnaître chaque réaction. Chaque haussement de sourcil. Chaque accès de colère. Chaque sourire carnassier.  Le visage d'Alfio durant leur confrontation, elle le connait. Il a vu la déception. Elle a vu l'envie d'assouvir une soif de vengeance. De voir le sang couler pour faire valoir sa force. Le sang de lui. Son bien-aimé.

Debout. Immobile. Folle de rage. Prunelles opales devenant des flammes. Pour le cramer de sa rage. Pour l'animer de sa haine. Elle le regarde. Elle attend. Les explications en suspend. Le silence trop lourd dans le grand salon. Blanca tire une fois de plus sur la cigarette. Elle inspire si fort que sa trachée crame. C'est âpre. C'est amer. C'est douloureux. Mais la demoiselle s'en contre fiche. Il parle pourtant l'avocat. Des paroles qui ne calment pas son épouse. Au contraire. Il cherche à minimiser l'emprisonnement de Soren. Sa place dans la hiérarchie mafieuse. Blanca fulmine. Seconde main ou pas. Trois mois de prison ou deux ans, c'est pareil. Ce qui compte c'est la trahison. C'est d'avoir voulu doublé le chef. C'est d'avoir manqué au respect et à l'abnégation. Et il n'en mesure pas le poids. La brune lâche un rire cynique en l'écoutant. Elle croit rêver. Elle a la sensation de même plus reconnaître son époux. Sauf peut être l'acidité de sa jalousie. Silencieuse, Blanca attend. Poussière de folie qui la pousse à se retenir. Poussière d'agacement qui attend de prendre ses droits. Il continue à causer. Il semble tout petit face à la prêtresse des enfers. Il parle de son compte en banque. Du manque de reconnaissance de son travail. De l'argent qui ne tombe pas comme il le devrait. Le fric. Encore le fric. Comme si c'était que ça qui lui sauverait le cul. Blanca est habituée de la misère, elle. Gamine ayant du apprendre à crever de faim et à se nourrir de peu. Gamine ayant manié la pauvreté comme une reine. Une mère ravagée par la passion. Un père absent. En rejoignant les rangs de la mafia, elle a fuit tout ça. Elle espérait pas devenir millionnaire. Elle voulait seulement être libre. Sentir l'adrénaline cramer sa peau. Se sentir vivre. Ne plus avoir la sensation d'étouffer. Des prières de sa mère et de son regard à fleur de peau. Des portraits de cet homme qu'elle ne connaissait pas – partout dans l'appartement insalubre. Alfio lui a offert le respect. La confiance. Il lui a offert la liberté.

L'avocat se lève. Quelques pas pour retrouver sa bien aimée. Avec une prudence rare. Comme s'il marchait sur des morceaux de verre. Elle le regarde faire. Elle le regarde arriver. Elle sent la colère qui s'accentue. En temps normal, cette proximité l'aurait animé d'une envie torride. Celle de choper ses lèvres. Celle de s'étreindre à son corps. De lui dire qu'elle l'aime au delà de la lune qui brille. Au delà des étoiles qui filent dans le ciel. Qu'il est la meilleure chose à ses yeux – et le pire parfois. Lui dire qu'elle crèverait sans lui. Qu'elle crèverait pour lui. Mais les mots ne sortent pas. Sa main frôle celle de son épouse alors qu'il pose une question. Une interrogation anodine. Un ton l'étant encore plus. Elle ricane. Elle lui lance un regard noir. Et dégage avec férocité l'étreinte de sa mien à la sienne. « Ne me touche pas. » Clame-t-elle. Froide au possible. Désarmée et blessée. Soupçon de trahison qui fait brûler le bout de sa langue. Langue qui chasse les mots à vive allure avant de tout détruire dans la pièce. Elle recule. Elle lâche la fin de sa clope sur le tapis sans se soucier du reste. Blanca passe une main dans sa chevelure brune. Elle a presque envie de chialer. Comme une gosse. Comme si son ego en avait pris un coup. Comme si son cœur n'était que ruine. Les ruines d'un mensonge. Les ruines d'une incompréhension. « Tu crois sincèrement que c'est une histoire sans importance ? Tu estimes que de chercher à doubler la mafia, c'est sans importance ? » Soren avait beau être une seconde main, ça ne change rien. Alfio considère chacun de ses hommes. Même ceux en bas de l'échelle. Quand on respecte Alfio, il respecte les autres. Alors non, ce n'est pas un truc sans importance. Un truc banal que l'ensemble de la communauté oubliera comme ça. En claquant des doigts. Pour les beaux yeux de l'avocat. Loin de là. Elle le sait. Elle a trop souvent le sang couler pour moins que ça. Amère, elle lâche un soupire. Ses doigts se cramponnent à une chaise alors que ses yeux interpellent le regard perdu de l'avocat. À cette seconde-ci, il n'est plus question d'amour. Il est question de rancune. De haine. Elle baisse son crâne et ferme les yeux. Elle pourra créer le pire. Faire sa valise et se casser. L'abandonner et lui dire de se démerder. Partir se racheter auprès de son père de substitution. Au lieu de ça, elle reste. Colérique. « Et tu as pris tout ces risques pour du fric ? Tout ça pour des putain de billets à te foutre dans la poche ? T'es tellement dans le besoin que ça ? Non, parce que j'ai dû rater un épisode alors. » Ils ne sont peut être pas millionnaires. Mais ils mènent  un train de vie agréable. Ils sont respectés. Ils n'ont pas besoin de faire la manche pour survivre. Alors, non. Elle peut pas comprendre. Elle peut pas saisir. « C'est Alfio qui m'a donné les photos. » dit-t-elle en rebondissant sur son interrogation. « En me convoquant et en me faisant rougir de honte. Il est fou de rage. Il se sent trahi. Tout le monde se sent trahi. » Il n'a pas que parlé en son nom. Il a parlé au nom de tous les autres. Elle passe une main sur son visage puis finit par se rapprocher de lui. « Tu sais ce qu'ils font eux, quand ils sont trahis ? Une balle entre les deux yeux, un corps carbonisé dans un caniveau. » Constat foudroyant. Capable de glacer le sang de tous les saints de la terre. « C'est ce que tu veux ? Tu veux me condamner à assister à ton propre assassinat ? Tu veux me forcer à vivre sans toi pour des billets de plus dans ton porte-feuille ? » Sa voix est chevrotante. Elle a presque envie de pleurer. Elle se retient. Elle veut pas lui offrir de larmes. Il mérite que son mépris et sa colère. « T'es dans la merde Lloyd. On est dans la merde. » Puis le silence assassin. Autant que le regard de Blanca.
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07.02.16 13:31
† Blanca & Lloyd
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse a dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Blanca déborde de colère, mais surtout, elle a peur. Lloyd sent cette peur qui lui martèle le cœur. Il sait qu'elle importance ont pour elle cette bande de malfrats qui se dit communauté. Il sait à quel point Alfio est un guide dans sa vie nouvelle, il sait et c'est ce savoir qui lui plombe le ventre. La jalousie instille en lui une inconscience folle. Lloyd ne réalise absolument pas la moitié de ce qu'il risque. Il ne réalise qu'une seule chose, à cet instant précis : Blanca ne s'inquiète que pour son Alfio. Il se souvient bien, à mesure que les clichés défilent sous ses yeux, de ce fameux jour ensoleillé où il a rencontré Arny. Jeune gamin des rues, dealer et drogué lui-même, il était de ses âmes égarées que la nature avait fait sombrer dans des océans d'amertume. Son naturel et la peur qui se reflétait dans ses yeux avaient touché Lloyd au plus profond de son être. Ça, tout comme la liasse de billets qu'il étalait sous son nez. Arny était de ces gamins perdus qui s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Et entre lui, ce sourire innocent et cette âme inconsciente, et Soren, ce malade sanguinaire, ce diabolique émissaire des enfers, il aurait du choisir Soren ? Etait-ce bien là ce que lui disait Blanca ? Certes, Lloyd n'avait que peu d'états-d'âme lorsqu'il s'agissait d'éviter la prison à des démons. Certes, ce genre de questions existentielles n'avaient jamais été dans les prérogatives de son naturel. Certes encore, il avait habitué tout un chacun à se moquer royalement du mal qu'il pouvait causer aux victimes innocentes à qui il arrachait la justice. Mais cet Arny là. Cet Arny avait su créer la différence. Il avait su, de son œil perdu, de sa jeunesse vagabonde, il avait su instiller chez Lloyd une certaine forme de regret. Plus encore que jamais, l'avocat s'était senti à des lieux d'une communauté dans laquelle il ne se reconnaissait pas. Alfio le haïssait, il le sentait bien, et jamais il n'avait été intégré à leur fraternité. Il n'était que la pièce rapportée bien utile à qui on ne témoignait jamais que du silence. A peine l'appelait-on pour l'informer de chaque affaire. A peine le laissait-on se débrouiller, endossant tous les risques au profit des démons. Situation précaire qui lui convenait, somme toute. Mais situation qui ne valait pas de ruiner tant son âme que son porte-feuilles. Si Lloyd avait fait ce choix, celui de la véritable justice, s'il avait évité Arny et son innocence enfantine de périr dans les geôles froides d'une prison amère, s'il avait préféré y envoyer Soren, bien plus prompt à en sortir vivant, c'était en toute connaissance de cause. Et il devait admettre que, malgré le regard froid de son épouse, il ne le regrettait pas.

Lorsqu'elle lui ordonne de ne plus la toucher, il s'exécute, sans cacher sa déception. Il comprend sa colère, mais il ne peut concevoir qu'elle ne cherche pas à comprendre son acte. La conscience de la mort qu'elle tente d'instiller en lui se heurte au sentiment du travail bien fait, du travail juste. Pour la première fois, Lloyd a conscience de son bon droit, et perd dans un même temps la conscience du danger. Il l'écoute parler, il l'entend, et chaque parole emplie de rage, amère et enflammée, vient se fixer dans son cœur, y anéantissant la justice et l'amour. Il crève de trop l'entendre, il meurt de sa colère et il rêve de sa douceur. Sa voix est dure, son ton, plein de colère, son regard est froid. Il ne voit en elle qu'une femme submergée de sentiments glacés. Instinctivement, il recule. A cet instant précis, il ne souhaite plus du tout la toucher. Tout ce qu'il veut, c'est reculer, reculer encore, se fondre dans le mur et quitter cet appartement dans lequel il n'aurait jamais du entrer. Il connait les colères de Blanca, et elles sont imperturbables. Violentes et brutales, elles ne se calment que lorsqu'elle même l'aura décidé. Et Lloyd a bien conscience, cette fois, que quoi qu'il dise, il ne sera pas écouté et il ne changera rien à la réalité amère de leur situation. Pourtant, il l'écoute. Et lorsqu'elle évoque les rites de coutume mafieux dès lors qu'il s'agit de trahison, le souvenir se rappelle à lui. Souvenirs d'affaires semblables, souvenirs de corps dans un caniveau, souvenir de balles entre les deux yeux. Souvenirs des démons à l'action. Au fond de lui, tout au fond, il réalise la merde dans laquelle ils sont fourrés. Quelque chose en lui, pourtant, l'empêche d'y porter grande attention. S'il meurt, au moins mourra-t-il en ayant eu ne serait-ce qu'une fois la conscience de la justice. Mais surtout, surtout, au moins mourra-t-il en ayant trahi ceux qui ne l'ont jamais accueilli.

Lloyd s'éloigne d'elle, délicatement, pour reprendre sa place sur la chaise. Entre ses mains tremblantes vacillent les clichés qu'Alfio lui a donné. Il regarde, regarde encore, pense aux billets verts qu'il a toujours dans la poche. Billets verts d'un contrat mortel. « Comment peuvent-ils se sentir trahis par un gars qui n'est pas des leurs ? »  Son ton est calme, plat, sans hardiesse. En lui souffle un vent de calme qui contrebalance la colère de Blanca. S'il craint pour sa vie à elle, avant tout, il a la conscience tranquille qu'Alfio ne lui ferait jamais le moindre mal. Quand à lui-même, et bien, il était le cadet de ses soucis. Son égoïsme se résumait à penser à elle. « Je n'ai jamais fais partie de ton monde, tu le sais bien. Alfio me déteste, comme la plupart d'entre eux, et je ne suis que celui qui prend tous les risques et qui n'en tire rien. Elle te satisferait cette situation ? » Question rhétorique, il ne lui laisse pas même le temps de répondre. Il relève l'une des photos, l'une de celle où le visage d'Arny est facilement identifiable. L'une de celle qui met en lui une tranquille assurance. Il sait que son choix était le bon. « Tu le vois lui ? Il s'appelle Arny. Il a dix-neuf ans. C'est qu'un petit dealer perdu dans une vie trop grande, abandonné de ses parents et qui cherche à se démerder tout seul. C'est un gamin courageux, qui respire encore la joie de vivre, l'innocence tranquille des enfants. Il en a vu, des saloperies, mais il n'a encore rien compris à la vraie vie. Je ne l'ai pas envoyé en taule certes parce qu'il avait mieux à m'offrir, c'est un fait. J'ai de beaux billets verts qui me serviront à te combler de cadeaux. Mais surtout, j'aurais tué son innocence en l'envoyant se faire violer dans des geôles dégueulasses, la bas, en taule. Soren le mérite bien, et je lui ai permis de n'y rester que trois mois, au lieu de deux ans. J'ai simplement équilibré la balance. » Il reprend la photo, y plonge le regard, quelques secondes. « J'accepte de sauver ces enfoirés, mais jamais je ne tuerais pour eux. » Lloyd se lève, doucement, comme pour ne pas effrayer le chat sauvage qui lui fait face. Il affronte la fraîcheur de son regard de glace, courageusement, affronte sa haine et sa colère, affronte cette rancune qu'elle lui jette au visage. Elle est de marbre, elle est glacée, elle est cette Méduse qui le pétrifie d'un regard. Pourtant, il continue à avancer vers elle. Courageux. Il sait à quel point elle a raison, à quel point ils sont dans la merde, à quel point il a agit sans réfléchir au conséquence. Elle sait qu'il n'est pas de ce genre là, et que c'est une erreur qu'il a commis. Lourde erreur, pleine de ressentiments. S'il avait voulu faire les choses biens, il aurait pu au moins ne pas le rencontrer en plein jour, ni en pleine rue. Il avait été con. Et par cette erreur, il avait pris le risque de mourir. « T'as raison, je suis dans la merde. Mais pas toi. Alfio ne te fera jamais de mal, tu le sais bien. Quand à moi, j'assume entièrement ma décision, et je t'interdis de la regretter pour moi. » Il lui fait face maintenant. Il sait qu'il ne doit pas la toucher, cette déesse vengeresse, mais il la regarde simplement. Il plonge son regard serein dans celui, plein de colère, qui déborde de haine, de sa bien-aimée.

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07.02.16 15:20
† Blanca & Lloyd
just gonna stand there and watch me burn but that's alright because I like the way it hurts. just gonna stand there and hear me cry but that's alright because I love the way you lie.


Ses pensées s'égarent. La froideur de la pièce s'engouffre dans ses pensées. Les plus folles. Les plus lointaines. Elle redevient enfant. Innocence volant à son secours. Un, deux, trois, nous irons au bois. La gamine des rues sautillent sur place, corde à sauter dans les mains. Ses cheveux mal coiffés virevoltent dans le vent glacial. Le froid de décembre caresse sa peau. Une caresse violente qui picote son échine. Elle joue dehors, sans surveillance. À peine neuf ans la gamine et elle s'arme d'un courage certain. Pas d'enfants autour d'elle. Aucun ami pour venir la protéger. Seule la solitude en guise de compagnie. Quatre, cinq, six, cueillir des cerises.  Elle continue de chantonner. Sa voix résonne dans la froideur de la rue. Elle sourit la gosse. Elle rit même. Son jeu l'amuse et l'entraîne dans une spirale agréable. Douce. Mélodieuse, même. La demoiselle continue sa route. Par moment, elle regarde autour. Le paysage est blanc. Elle laisse des traces fines dans la neige. Des arabesques grisâtres s'extirpent de ses lèvres rougies par la température extérieure. Ses pieds menacent de s'en mêler dans la corde. Mais d'une maîtrise fabuleuse, elle continue sa route. Sans savoir où aller. Sans savoir quoi faire. Elle pourrait rentrer et demander encore à sa chère mère, pourquoi tant de larmes. Elle pourrait lui demander un peu d'attention et ne recevoir que de l'ignorance en réponse. L'enfant pourrait s'enfermer dans sa chambre et prier, elle aussi, pour que son enfer devienne paradis. Au lieu de ça, elle traîne au cœur des ruelles incertaines. Là où la prostitution règne. Là où le sang coule et arrache toute moralité au monde. Sept, huit, neuf, dans mon panier neuf. Sa comptine continue dès plus belle. Elle connait par cœur chacune des paroles. Chacun des mots à aligner pour en atteindre le sommet. Après quelques mètres parcourus, la gamine s'arrête. Elle entend un bruit bizarre. Comme une détonation.  Comme quelque chose qui a claqué trop vivement dans l'air. Elle se cache derrière un muret et voit deux hommes au fond d'une ruelle. Un corps au sol. Deux autres debout à nettoyer ce qui semble être une arme. Elle les regarde – silencieuse – pas craintive pour un sous. Les protagonistes se font la malle. Elle les voit grimper dans une voiture et démarrer à tout vitesse. L'âme encore innocente se rapproche du corps sans vie. Elle fixe cet inconnu. Les yeux encore ouverts. Vides de toute émotion à présent. Elle regarde cet être sans vie. Toute son innocence s'envole. Elle ne comprend pas. Elle voit simplement le sang qui coule. L'horreur coupe court à ses rêves enfantins. Dix, onze, douze, elles seront toutes rouges. Souffle-t-elle cette fois-ci. Elle regarde une dernière fois le mort. Puis Blanca tourne le dos. Repart, corde à sauter dans les mains. Elle sautille pour regagner son appartement insalubre. Elle repart dans son enfer. Celui qu'aucun être innocent n'aurait à connaître.

Blanca sort de ses pensées. Stupide de repenser à ce moment. Son attention se reporte sur son époux. La colère règne. La haine divise. Ses yeux ternis par ses sentiments volcaniques toisent ceux de l'avocat. Ce n'est pas de gaieté de cœur, qu'elle agit ainsi. Ce n'est pas pour faire valoir sa domination qu'elle refuse le contact. Au contraire. Elle veut comprendre. Le faire réagir. Elle veut le voir pâlir de regrets. Et surtout le voir accepter la réalité. Ils sont dans la merde. Pas seulement lui. Elle aussi. Parce que c'est son épouse. Parce qu'elle l'aime à en crever. Parce qu'elle ne supportera pas d'être témoin silencieuse de sa mort. La distance entre les deux atteint son apogée. Quand il se recule à son tour. Quand il fuit la déesse haineuse qui se tient devant son regard perplexe. Elle le regarde faire. Rêvant de remonter le temps. De l'empêcher d'agir comme un connard égoïste. L'avocat s'assoit. Il regarde les clichés d'abord, puis reprend la parole. Les mots filent. Les mots résonnent. Il ne laisse pas l'occasion à Blanca de causer. Statique. Debout. Imperturbable. Elle l'écoute. Elle s'abreuve de chacun de ses mots. Ça ne calme pas sa colère. Encore moins ses doutes. Oui, pour la première fois depuis longtemps, la brune incendiaire doute. Elle n'a pas les clés de la suite du chapitre. Elle ne sait quoi faire ; quoi dire – pour stopper l'enfer qui débute. Quand il attrape un cliché, il pointe du doigt un visage. Celui de fameux dealer. D'une voix calme, l'homme raconte son histoire à ce type. Une histoire parmi mille autre. Une histoire qui fait pourtant écho à celle de Blanca. Elle l'écoute sans le couper. Elle avale chacune de ses paroles d'un air calme. Plus calme que la rage qui a éclos dans la pièce. Cette dernière l'observe.  Elle repense à sa propre histoire. À sa propre innocence arrachée. Ne le coupant pas, la demoiselle le fixe. Quand il se relève pour se rapprocher, Blanca sent son corps se tendre. Mélange d'appréhension et d'énervement. Elle voudrait faire taire ses barrières. Elle aurait envie de le frôler. De l'embrasser. De lui crier de la rassurer. De quitter cette ville et toute la misère qu'elle cause. S'accrocher à lui comme une acharnée. Ne plus le laisser filer une seule seconde. Au lieu de ça, elle le regarde. Sans un mot. Sans une expression sur son minois de féline blessée. Ce qu'il dit, ça l'énerve. Quand il ose dire que c'est que son problème à lui. C'est faux. C'est archi-faux. Elle secoue la tête en riant. C'est nerveux. C'est réactionnel à tout ce qui s'accumule dans sa chaire. Son visage de poupée ne porte aucun artifice. Sauf le rouge qui vient poser sa couverture de velours sur ses joues.

« Mais arrête bon sang ! » dit-elle enfin. Sa voix est ferme. Déterminée. Elle ne laisse pas de place à l'approximation des mots. Elle ne coupe pas court pour autant à la distance entre eux. Ses yeux accrochent ceux de son époux. Il est beau même en ayant peur. Il est beau dans sa détermination. Il est beau comme un camion cabossé qui attend d'être réparé. Réparé par celle qu'il aime. Par cette prêtresse devant lui. Comme s'il attendait la formule magique à prononcer pour effacer le pire. Mais ça existe pas. Ce serait trop simple. Trop beau. Comme si la vie était un conte de fées. Comme si les princes sauvaient à chaque coup les princesses. Comme si chaque histoire se terminait par des sourires et une vie pleine de bonheur. Leur vie à eux, à cette seconde, c'est un cauchemar mal formulé. C'est des doutes et une existence en suspend. Une existence entre les mains d'argent de mafieux sans scrupules. « Je te rappelle qu'on est mariés. Qu'on ait lié pour la vie. Tu crois que de savoir que mon mari pourrait se faire buter comme un malpropre ne me concerne pas ? » Sa voix devient chevrotante. Ses yeux sont presque brillants. Comme si des larmes pourraient se mettre à couler. Comme si elle pourrait chialer devant lui. Pleurer, c'est pour les mauviettes. Elle l'a tout le temps dit. Elle veut pas pleurer. Elle veut pas. Alors Blanca serre ses poings de toutes ses forces pour refouler les perles salées. Mais soudainement ses mains attrapent le visage de Lloyd.  Elles empoignent son visage. La demoiselle se hisse sur la pointe des pieds pour arriver à sa hauteur. Leurs souffles se croisent. L'étreinte n'a rien de tendre. Au contraire. Ça ressemble même à quelque chose de douloureux. « Je crèverai sans toi. Je crèverai de ta disparition. Et ça t'as pas empêché de prendre ce risque. » Qu'elle vient souffler contre sa bouche, sans pour autant y déposer un baiser. Même le plus chaste. D'un coup trop brusque, elle le repousse. Elle recule à nouveau. Le fossé se creusant plus.

« Tu as voulu sauver ce type. Mais est ce que lui le voulait ? » Demande-t-elle en le regardant. Elle rebondit sur le triste portrait érigé de ce fameux Arny. Au fond, elle s'en fiche de lui. Encore plus quand on sait ce qui en découle. Blanca recule et finit par cogner un mur. Elle patiente d'abord. Ne disant rien. Toisant du regard son époux. Puis sans le laisser répondre, elle reprend la parole. « C'était son choix Lloyd. Il a choisi de devenir dealer. Il a décidé que re-fourguer de la came, ce serait son moyen de s'en sortir. Personne ne l'a forcé à agir ainsi. Personne n'est venu brisé son innocence de plein fouet. Volontairement. Personne. » C'est trop facile. Trop facile de croire que chaque gamin de la rue doit être sauvé. Que chaque gamin qui traîne dans les affaires veut être sauvé. C'est faux pour la plupart. Parce qu'ils sont devenus pervertis par la vie. Pervertis par les autres. Parce qu'ils aiment ce qu'ils font. Ils aiment sentir l'adrénaline.  Ils aiment se sentir puissant du haut de leur trône. Elle le sait. Elle le sait parce que Blanca était ainsi. Elle a pas voulu être sauvée de la mafia. Elle a pas voulu prendre une autre destinée. C'était ça ou crever. Elle a choisi de vivre comme ça. Elle a pas espéré secrètement s'en sortir. Loin de là. Blanca fait un pas pour attraper une cigarette. Elle l'allume à la vas vite et retrouve sa place. « J'avais dix-sept ans. Ma mère priait le retour de mon connard de père. Elle ne me voyait pas. Je n'existais pas. Je n'étais que le portrait de celui qui l'avait abandonné. Je devais mendier pour espérer bouffer. Alfio m'a sauvé. J'ai choisi de gagner les rangs de la mafia. J'ai choisi de faire couler le sang. Je n'ai jamais blâmé ma mère. Je ne l'ai pas accusé d'être responsable de ma destinée. J'ai choisi de briser mon innocence pour survivre, comme lui. » dit-elle avec une certaine pudeur. Elle n'aimait pas parler de ça. De sa famille. De sa mère. De son père. Elle évoquait rarement tout ça. Par honte, peut être. Par agacement sûrement. Elle est souvent restée vague face aux interrogations de son époux. Elle n'a même pas daigné inviter sa mère à leur union, d'ailleurs. « On a été maîtres de notre destin. » Quoiqu'il pense. Quoiqu'il dise. C'était ça la vérité. « Tu dois te racheter Lloyd. Tu dois retrouver leur confiance. Démerdes toi pour faire libérer Soren. Prétexte une erreur. Une connerie du genre. J'en sais rien, mais fais le. Et si tu veux vraiment sauver Arny, débrouilles-toi pour qu'il quitte la ville. Parce que sinon, lui aussi, s'fera buter. » Elle exige. Elle donne la trame à suivre comme si ça allait suffire. Comme si Alfio va pardonner avec tant d'aisance. Elle est prête à tout essayer. À tout mettre en œuvre. « Fais le pour moi. pour nous. » Qu'il mette sa putain de fierté de côté. Sa jalousie maladive aussi. Il devait pas que penser à sa gueule. À son compte en banque. À sa réussite. Il devait penser à eux. Ce couple atypique. Ce couple aussi étrange que fort. Et surtout à elle. Sa bien aimée. Celle qui enveloppe son cœur d'un amour enivrant et malsain. Fort et passionné. Celle qui crèverait sans lui. Celle qui ne veut qu'une cause, au fond. Le sauver.
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09.02.16 15:32
† Blanca & Lloyd
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse a dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Chacun ses démons. Fils de caravane, fils du vent et de la solitude, Lloyd n'avait jamais eu de véritable enfance. Loin des hommes, loin d'une société dont il rêvait souvent la nuit, ou lorsqu'il roulait une cigarette à la clarté des étoiles et de sa seule amie la lune, il n'avait eu pour seule compagnie qu'une mère intrusive à qui il réservait ce trop plein d'amour bouillonnant en lui. Jamais il n'avait eu de contacts humains, ou presque, et son coeur se vidait d'un manque malléable, d'un manque désagréable, d'un manque maladif. Il s'était forgé ainsi : par ce trou béant qu'il ne parvenait pas à combler. A la mort de sa mère, il s'était surpris à éprouver du plaisir. Ce corps féminin sans vie, figé dans un rictus démoniaque, l'affligeait bien évidement ; mais, au delà de cette tristesse de façade et de convenance, il avait l'agréable sensation d'avoir ôté un poids à sa cheville. Par son dernier souffle, elle avait signé la liberté de son fils. Liberté à laquelle il avait rêvé de goûter. Comme tout fantasme, pourtant, trop longtemps idolâtré, la descente avait été violence. Amère. Une tempête s'était abattu sur son innocence. Une tornade avait emporté ses désirs et ses belles illusions, loin, très loin, et jamais il n'avait pu les récupérer. Le contact des hommes n'avait été qu'une immense déception. Regardant bien loin devant lui, il s'était lancé dans la vie avec fureur, avait chuté d'autant plus lourdement. Chute de quarante-cinq étages. Chute dans les bas fonds des Enfers. Tôt ou tard, tout désir avait quitté son âme, et il s'était doublement forgé : en lui, toujours, résistait envers et contre tout cette euphorie pleine d'illusions et bercés de fantasmes. Mais là, tout près, un voile sombre s'était abattu et avait caché cet optimisme d'enfant : la déception amère et âcre, l'obscurité d'une société à des lieux de ce qu'il avait imaginé. La dépression avait fondu sur lui, cible trop facile pour résister aux tourments du sort. La tempête avait eu raison de son âme naïve. En façade tout du moins.

Là, alors que son amour se tenait face à lui et criait sa colère et son amertume, il ressentait plus que jamais la noirceur de ce voile. Il voudrait hurler son inconscience, siffler des chansons enfantines, faire éclater le douceur et la joie qui éclatait dans son cœur trop naïf et trop pur. La conscience du mal frappait son être lorsque Blanca parlait, encore et encore, de cette mort qui se dressait face à lui, effrayante et obscure. Elle l'obligeait à ouvrir les yeux, affreusement, horriblement, elle se faisait le démon qui instille en lui le vice et le péché, elle coupait au couteau ces illusions trop gamines. Elle s'effarait, même, de sa douce inconscience. Lloyd la regardait, entendait ses paroles de loin, comme d'en bas des enfers. Elle parlait, là-bas, si bas, elle l'appelait de son chant convaincant, elle voulait l'y traîner, l'y entraîner. Elle souhaitait qu'il la rejoigne là où, par ses erreurs à lui, il l'avait condamné. Car c'était bien de cela qu'il était question : ni plus ni moins qu'une condamnation. Sur leur tête s'étalait, menaçant, le couperet de la mort. Le couperet d'un flingue déjà armé, plein de munitions chasseresses. La vengeance était un plat à déguster, à savourer, le plus chaud serait le mieux. Voilà quels étaient les seuls questionnements des mafieux. Il était déjà incroyable qu'ils aient appelés Blanca avant de mettre leur punition à exécution, et Lloyd commençait tout juste à réaliser le sursit qui lui était accordé. Pas pour longtemps, toutefois. Pour jamais.

Il l'écoutait. Avidement. Comme un enfant. Il l'entendait parler de nostalgie, mentionner sa jeunesse, lui faire don de ses confidences. Il l'écoutait plus que jamais, sans doute. Elle se confiait peu et Lloyd, compréhensif face au silence de son épouse, ne lui en avait jamais demandé davantage que ce qu'elle voulait bien lui offrir. Ce discours, ce court monologue qu'elle lui offrait, était un cadeau inexplicable. Inconcevable. Il l'écoutait, et il se passionnait pour son histoire. Il l'imaginait bien, jeune, encore plus jeune, avec ce regard enfantin et ce sourire taquin. Il n'avait aucun mal à voir Blanca chercher l'approbation de sa mère, ses paroles, son discours, quelques marques éphémères d'un amour invisible. Les larmes lui montèrent aux yeux, indescriptibles, indiscernables. Il les ferma pour les interdire de couler. Ce n'était pas à lui de mouiller ses joues. Il était un homme, maintenant. Il devait se comporter comme tel. Quand à elle, elle avait fait le choix de partager sa vie. Sa vie. Toute entière. Dans la joie comme dans le malheur. Dans la vie comme dans la mort.

« Je le ferais. » Pour toi, mon amour, rien que pour toi. Sa voix résonne dans le silence, se multiplie, se multiplie encore. C'est comme une bénédiction qu'il prononce là. C'est un homme à une femme. C'est un homme à Blanca. Pour elle, il tuerait et il mourrait. Pour elle, il se sauverait aussi. En dépit de sa fierté, de son ego et de son orgueil. Il n'en aurait pas, sans elle à séduire chaque jour. Il n'en aurait même pas s'il ne devait pas lui arriver au moins à la cheville, être digne de sa supériorité, être fier pour ne pas sombrer dans l'ombre de son épouse. Trop parfaite. Trop belle. Trop divine. Elle est là, fière et entière, elle a le courage et la force d'évoquer un passé moribond, une noirceur qui la hante et qui chaque jour suit ses pas. Il sait trop bien les poids des remords, le poids des temps anciens. Il connait trop bien ce manque d'amour et ce besoin impérieux et vital. C'est quelque chose qu'ils partagent, tous les deux. En eux, ils ont comblé leur manque. En eux, ils ont découvert ce qu'ils n'avaient jamais rencontrés. En eux, ils ont retrouvé leurs belles illusions. Le couperet de la mort, bien que planant sur leur terre et prêt à s'écrouler à chaque seconde, n'aurait jamais la peau de leur amour. Voilà bien la seule certitude qui, à cet instant précis, faisait battre son coeur encore plus vite. Il est dans un monde, maintenant, où les mafieux n'ont plus de prise. Un monde où ils n'existent même plus. Leur nom s'écroule, s'envole, laisse ce couple inédit s'emparer de ce bonheur qui l'est tout autant. Lloyd est à Blanca. Tout simplement. Il allait parler. Il allait le faire, rompre encore la monotonie du silence, écraser de tout le poids de ses sentiments et de ses émotions le malheur qui les étreint. Il allait briser ce cercle démoniaque des désillusions, enfin. Il allait lui dire tout cet amour qui le comble, toute cette affection qui est la sienne, tout ce bonheur qui est à lui. Il allait évoquer, enfin, un amour par delà la mort, un amour par delà la peur, par delà le monde.

Il n'en eut pas le temps. Dans un claquement, la porte s'ouvre. Laissant la place à l'ombre d'un homme et de son flingue qu'il tient à bout de bras. Visage connu. Visage mafieux.

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12.02.16 18:50
† Blanca & Lloyd
just gonna stand there and watch me burn but that's alright because I like the way it hurts. just gonna stand there and hear me cry but that's alright because I love the way you lie.


Un ordre. Une requête. Ça claque dans l'air. Blanca, elle exige. Elle attend de voir Lloyd se soumettre. Comme à chaque fois. Rarement de refus. Rarement de réponses négatives franchissant la barrière des lèvres de l'avocat. Trop dévoué à sa belle. Trop soumis à l'ego sans mesure de la brune incendiaire. Par peur de la décevoir. Par peur de la perdre. Par peur que ce fil invisible les liant au cœur de la passion ne se brise. Elle a l'habitude. L'habitude d'obtenir. L'habitude de claquer des doigts et de recevoir. Alors ce soir, plus que tout, Blanca a besoin de son époux. Elle a besoin de l'entendre promettre. Promettre d'arrêter ses conneries. Promettre de tout cesser. De renvoyer ce dealer d'où il vient. Promettre de libérer Soren. De redorer son blason devant Alfio et tous ses collaborateurs. Un retour en arrière inévitable pour avoir la vie sauve. Pas le choix. Elle connait trop la mafia. Elle connait trop les conséquences possibles. C'est peut-être pour ça que son visage à cet air différent. Cette peur qui martèle chacun de ses traits. Les craintes exacerbées qui viennent bouffer sa douceur de façade. Là, debout, prête à s'ébranler. Prête à s'écrouler comme une poupée de chiffon trop traînée au sol. Elle a peur. Peur de le perdre. Peur de devoir assister à sa mort. Peur que le sang qui coulera ne soit celui de son bien-aimé. Peur de chuter dans le néant en le perdant. Elle a aussi peur de décevoir son chef. De décevoir celui qui l'a sauvé. Qui lui a donné une chance inespérée de s'en sortir. De grandir. De se libérer de ses chaînes. De ne plus être l'enfant des rues. De ne plus entendre les prières de sa mère. De ne plus avoir à supplier pour avoir un peu d'argent histoire de bouffer à sa faim. Alfio, ça a été le père rêvé. Le père qu'elle n'a pas eu. Le père qui a réussi à lui inculquer quelques valeurs malgré tout. Le père qui a fini par lui donner envie de monter les marches. De gagner en force. De gagner en respect. Un respect qu'il lui a offert sans réfléchir. Rien qu'en voyant ses efforts. Rien qu'en voyant à quel point Blanca lui a été dévouée. Dès le premier jour. Sans trahison. Sans déception. Sauf maintenant.

Elle est certaine qu'un truc a filé. Qu'un truc s'est brisé. Que celui qu'elle adule tant – n'aura plus une entière confiance en ses talents. Tout ça parce que Lloyd a fait les mauvais choix. Parce qu'il a cru bon de croire en des convictions erronées. Sans réfléchir au pire. Sans imaginer que oui, la mafia pouvait décider de le faire payer. Malgré la présence de Blanca. Malgré la place de celle-ci. Si elle craint pour sa vie ; elle ne peut cesser de le maudire. Une haine passagère qui balance un courroux infernal dans ses veines. Un courroux qui s'est fait roi dans la pièce. Depuis le début. Depuis qu'il a franchi le pas de la porte. Aucun cadeau. Aucun retour en arrière. Elle ne veut pas le lui laisser le choix. Elle veut lui montrer que cette fois-ci c'est sérieux. Que ce n'est pas un amusement de plus. Que ça ne se rattrapera pas par un baiser enflammé. Par l'étreinte de leurs corps. Par l'odeur suave de leurs peau l'une contre l'autre. Elle ne pourra pas. Elle ne pourra pas tout masquer par la passion. Par l'envie de sentir son échine frissonner et ses lèvres cramer d'une ardeur démesurée. Non. Cette fois-ci, la froideur est de mise. Ils pourraient claquer des dents tous les deux tant l'atmosphère est bancale. Glaciale même. Quand l'avocat ouvre sa bouche, c'est pour capituler. Il accepte. Quelques mots pour se soumettre à elle. Se mettre à genoux devant sa reine et accepter. Ne plus chercher le conflit en s'avouant vaincu. Elle, régnant en impératrice. Énième victoire. Elle ne sourit pas. Elle ne soupire même pas. Elle est seulement heureuse. Intérieurement. Ça crépite au plus profond de ses chaires. Elle ne veut pas crier victoire. Elle ne veut pas non plus lui sauter au cou et le remercier. Son acte, il est normal. C'est la seule chose à faire. La seule chose à dire. Pourtant, un soulagement intense se fait sentir. Les poings de la demoiselle se libèrent. Les tensions diminuent. Tout son être paraît s'apaiser d'un voile plus doux. Elle efface de sa mémoire ses funestes confessions. Elle efface les mots évoquant cette enfance miteuse. Cette adolescence sordide. Elle déteste en parler. Elle déteste paraître faible à cause d'une étoile qui ne s'est pas posée au dessus de sa tête. Elle veut pas attirer les regards compatissants. Encore moins de la pitié. Surtout venant de lui. Celui qu'elle aime tant. Celui pour qui, elle pourrait combattre sur un champ de bataille. Celui pour qui elle pourrait crever, sans même se poser la question.

Blanca, elle veut s'approcher. Elle veut malgré tout effleurer la peau de l'avocat. Lui soupirer qu'elle l'aime. Lui dire sans prononcer un mot, merci. merci mon amour, de te soumettre, encore. Merci mon amour, d'être toi. De comprendre. De mettre à mal tes convictions. Pour moi. Pour nous. Mais ses lèvres restent mutines. Elle s'apprête à faire un pas. Un seul. Mais tout s'écroule quand une ombre s'avance. Une ombre devenant réalité. La brune ne met qu'une seconde à reconnaître ce visage familial. Jasper. Principal collaborateur d'Alfio. Son bras droit depuis des années. Même avant que Blanca ne se fasse une place dans la bande. Un homme dur. Un homme froid. Jaloux d'Alfio. Elle en est convaincue. Pauvre connard rêvant de prendre la place du grand boss, un jour. Même s'il le dit pas. Même s'il est soumis au bon vouloir de son chef. Avec lui, le courant est pas passé. Il a voulu la sauter – en vain. Il a voulu abuser de ses courbes comme tant d'hommes. Essuyant un refus. Une remise en place sans pincette, sans douceur. Elle se souvient encore de son visage tendu. De la colère qui dessinait chacun de ses traits. Depuis, entre eux, c'est de simples échanges. Quelques mots pour la forme. C'est tout.  Et le voilà. Debout dans leur salon. Sans y avoir été invité. Une arme entre les mains. Le sourire du diable sur ses lèvres gercées. Surprise, Blanca ne bouge pas. Elle reste d'abord statique. Elle lance un regard furtif à son époux et reporte son attention sur Jasper. Elle ne comprend pas. Elle ne sait pas les raisons de sa présence. Est ce que c'est Alfio qui lui a dit de venir ? Est ce qu'il est venu régler les comptes de la bande de son propre chef ? La brune lâche un soupire. « Qu'est ce que tu fous ici ? » Demande-t-elle avec son assurance. Elle ne veut pas ramper devant lui. Encore moins montrer qu'à cette seconde précise, elle ne contrôle plus rien. Pour la première fois depuis longtemps, la demoiselle n'est plus maîtresse de la situation. « C'est Alfio qui t'envoi faire le sale boulot ? Ou alors, tu t'es souvenu que tu avais une paire de couille et t'es venu jouer à l'homme, au vrai ? » Elle le cherche. Elle ne mâche pas ses mots. Elle le défie du regard. Elle joue avec le feu. Elle n'a pas idée de quoi est capable l'homme. Blanca va plus loin. Elle s'approche un peu plus de lui. Mais très vite, l'homme se met à ricaner. Il ricane si fort, qu'on dirait le chant de l'enfer. Une mélodie macabre qui prend forme dans le grand salon. « Ferme ta gueule, p'tite salope. » dit-il. « Alfio n'sait rien d'ma présence ici. T'le connais, il aurait été assez con pour sauver la peau d'ton cul et celle d'ton salopard d'mari. Mais moi, c'différent. ». Cette fois-ci, c'est lui qui mène la danse. Il s'approche un peu. Puis coupe carrément court à la distance entre elle et lui. Il dépose le canon de son flingue contre la poitrine de Blanca. Il appuie si fort, que la sensation est douloureuse. Ça ressemble à une oppression thoracique qui lui coupe la respiration. Elle ne fait plus la maligne. Elle n'est plus en haut de l'affiche. Elle ne maîtrise plus rien. « Tu as encore un truc à dire ? » Mais la brune se tait. Murée dans le silence. Murée dans l'immondice de la situation. L'homme sourit encore. Puis, le canon du flingue encore posé sur la poitrine de la belle, il observe Lloyd. Presque blanc de peur. Presque blanc d'angoisse. « Alors, enfoiré, dis-moi çà t'fait quoi d'voir ta femme sur le point d'crever ? Ça te donne envie de recommencer tes conneries ? » souffle-t-il d'un ton dégueulasse. « Tu nous as pris Soren. J'vais prendre ta gonzesse. T'es d'accord, du deal, connard ? » Il ricane. Il appuie encore plus fort contre la cage thoracique de la poupée. Elle tremble. Elle tremble si fort que son corps fluet pourrait se briser. Tout pourrait se briser.
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24.02.16 16:11
† Blanca & Lloyd
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse a dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Il l'aime à en crever. Il mourrait pour elle. Et pourtant, quand il voit la mort s'entremêler dans leur amour, quand il voit ce flingue sur la poitrine de l'être qu'il aime, ce sont ses pires cauchemars qui prennent vie devant ses yeux. Il se pincerait pour que la scène face à lui devienne peu à peu de plus en plus floue, et qu'au réveil de ses prunelles, tout disparaisse pour ne laisser place qu'au plafond au dessus de son lit. Pour qu'il se retourne, d'un geste empli de douceur, et caresse le doux visage de cette femme qu'il aime à la folie, à l'amour et à la mort, de cette femme dont il connaît le moindre centimètre, dont il embrasserait chaque millimètre. Il l'aime à en crever, mais la mort prend en ce jour une figure bien dégueulasse. Cet homme qu'il n'a vu qu'à quelques reprises et qui le hait, comme tous les autres. Cet homme ordinaire dont Blanca lui avait souvent parlé. Un connard. Connard de mafieux de merde.

Blanca n'avait pas perdu la mise, au début, pourtant. Elle s'était imposée, comme toujours, femme de poigne et de parole, femme de mots plus que de violence. Elle joue, elle s'amuse, elle lui crache son venin à la gueule. Mais ce jeu ne demeure pas un jeu plus longtemps : la scène prend une tournure sanguinolente dans l'esprit de Lloyd, qui n'ose à peine respirer, de peur de perdre une miette de cet avenir sombre qui l'attend. Il craint, il a peur. Son coeur s'emballe, ses mains s'humidifient de moiteur, ses bras et ses jambes se raidissent. S'il avait eu peur quand Blanca avait appris sa trahison, il était maintenant pétrifié. Telle une méduse, ce flingue qui menace son épouse de trop près le fige en marbre. Il se sent impuissant, seul et inefficace. Il s'imaginait si les rôles avaient été inversés, il s'imaginait la toute puissance de Blanca qui aurait su, elle, ce qu'il y avait à faire. Lui, pauvre avocat, pauvre homme de la défense et de la parole, ne savait trop que dire face à une telle situation. Il était pleinement fautif, entièrement coupable. Homme de loi vigoureusement cruel et absurde, enfant de la défense, pétrifié devant l'annonce de la mort. Cet objet sombre avait des airs de faucheuse.

Il respire, il réfléchit, il tente de retrouver une once de son esprit habituellement affûté, qui paraissait avoir déjà quitté l'étreinte de son corps. Il revoyait les nuits enflammés avec sa dame, il s'imaginait la chaleur de leur mains qui se touchent, qui se caressent, qui empruntent de multiples voies pour parvenir à la jouissance qu'eux seuls savaient se procurer. Toute cette passion se métamorphose, là, sous ses yeux. Elle devient cruauté et morbidité. Elle devient ce qu'il n'a jamais connu, sous des traits qui lui sont eux aussi difficilement appréciables. Si sa femme est toujours emprunte de cette beauté froide qu'il lui a souvent vu, elle est là entre les bras de cet homme qui n'a aucun droit sur elle. Il la tient, il la prend, il la possède sous le joug de son arme. Il est le monstre.

« Fais pas le con, Jasper. » Lloyd connait son prénom, pour l'avoir souvent entendu dans la bouche de sa femme. Il siffle ces quelques syllabes, avec une haine viscérale qui lui sort des tripes et qui franchit avec ardeur la barrière de ses lèvres. Il l'insulte, il le bouge, il le menace encore. Il sait pourtant qu'il n'a aucun pouvoir, à cet instant précis, et qu'il est lui aussi, tout comme sa femme, soumis au pouvoir de cette arme mortelle et mortifère. Plus qu'elle, peut-être même. Car il s'imagine, là, immédiatement, avec un calme olympien, il s'imagine la vie sans elle. D'un coup, c'est un trou noir qui s'abat sur lui, une déferlante de détresse. Sans elle, il n'est rien et il perd tout. Sans elle, il voit une vie faite d'alcool et de tristesse, de soirées calmes passées en compagnie du whisky, une descente progressive aux Enfers où il irait enfin plaider sa cause. Au mieux, il voit nettement cette arme à feu qui servirait à son suicide. Il prendrait l'arme sur le sol, arme sans doute déjà tâchée du sang de son épouse, se la collerait contre la tempe, et attendrait le bruit fatal, le coup fatal, la munition fatale qui viendrait se planter dans son crâne, anéantir son cerveau, détacher son corps du reste de son âme. Il n'irait pas au paradis, ça, il en a pleinement conscience. Il ne rejoindrait pas non plus sa femme dans les méandres d'une autre vie après la mort. Ce serait la fin du tunnel sombre, la fin des douleurs qui le persécutent jour et nuit, la fin de tout et la fin de rien. Peut-être que cela vaudrait mieux, finalement.

Il rouvre les yeux, les plante dans ceux de Jasper. Il ne vaut rien, face à lui, et sa parole n'a aucun poids. Mais les fantasmes délurées de cette vie sans elle, ou de cette mort loin d'elle le réveillent sombrement. Il sait que c'est maintenant ou jamais qu'il doit se faire pardonner cette honteuse trahison, cette connerie morbide qui est la cause de toute cette situation. « Je sais bien que je n'ai aucun moyen de te convaincre, et je sais que de toute façon, tu ne m'as jamais franchement porté dans ton coeur. Je ne perdrais pas mon temps à essayer de te convaincre, puisque m'entendre parler n'est qu'un moyen pour toi de prendre plus de jouissance encore à la mort que tu tiens entre tes mains. T'aimes ça hein, cette sensation, là ? Tu ne pourrais pas t'en passer, pas vrai ? La supplication des condamnés. » Il le regarde, encore et toujours, il tâche de ne pas éloigner ton regard, de ne pas le laisser voguer à sa convenance. Il sait bien que s'il le laissait faire à sa guise, il viendrait se ficher sur le visage terrifié de sa femme, et qu'il perdait tout courage à son contact. Il l'imagine suffisamment pour ne pas supporter la sombre image de son regard. « Alfio prendra plus de plaisir aux tiennes, de supplications. » Un mince sourire se dessine sur le visage de Lloyd. Mince, mais tout de même là. L'ombre de l'ironie plane sur lui, une ironie tragique qui accompagnerait mélodieusement leurs derniers instants. S'il la tue, il ne fera pas qu'un mort. S'il la tue, il ne satisfera pas simplement le plaisir de faire souffrir ce McKinney qu'il n'a jamais supporté. S'il l'a tue, il mourra aussi. « Tu sais bien comme ton chef aime Blanca. Tu sais que si tu lui fais le moindre mal, ne serait-ce que si tu arraches un cheveu de sa tête, tu sais que tu mourras. Et tu sais aussi, pour continuer dans le listing de tes connaissances, qu'il ne te pardonnera pas. Ma trahison, à côté, serait vite oubliée. » C'est un fait. Lloyd serait relégué aux rangs des affaires de second plan si Jasper mettait fin à la vie de Blanca, sans même avoir consulté sa famille. « Pour terminer, j'enverrais Soren à la potence avant de me buter, si tu oses te servir de cette arme sur Blanca. Je t'en fais la promesse. » Il n'aura rien.

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